Zone du Dardaillon : les Écologistes du Lunellois dénoncent un projet « sans logique ni avenir »

Hérault Tribune du 3 mars 2025

Louise Brahiti

Jeudi 27 février, les Écologistes du Lunellois et plusieurs soutiens se sont rassemblés sur les terres agricoles du Dardaillon, entre Lunel et Lunel-Viel, pour exprimer leur résistance au projet de zone d’activité économique porté par Lunel Agglo. Un programme qui, selon eux, risque de sacrifier des terres fertiles pour des ambitions qu’ils jugent « déconnectées des enjeux réels ».

Les Ecologistes du Lunellois ©Louise Brahiti / Hérault Tribune
Les Ecologistes du Lunellois ©Louise Brahiti / Hérault Tribune

Promesse d’emplois et de dynamisme pour le territoire, le projet de la ZAE du Dardaillon ambitionne de renforcer l’attractivité de Lunel Agglo. Mais à quel prix ? C’est cette interrogation qui anime les Écologistes du Lunellois. Pour eux, “ce projet ne répond pas aux priorités du territoire”, il s’inscrit dans “une logique dépassée” qui nie les enjeux environnementaux au profit “d’une industrialisation aveugle”. “Bétonner sans réfléchir est un non-sens”, dénonce Lise Flores, porte-parole du collectif écologiste, ce jeudi 27 février.

Avant même d’aborder les éléments clivants du dossier de la ZAE du Dardaillon, elle pointe du doigt “un manque flagrant de concertation et d’information”. Selon les Ecologistes du Lunellois, l’accès aux dossier serait compliqué, voire impossible, et certains pièces manqueraient. “Nous avons demandé des comptes, mais les documents sont flous, difficiles à obtenir, et ne nous permettent pas de comprendre l’ampleur réelle des conséquences”, déplore-t-elle. A ses côtés, Raphaël Valette, co-secrétaire du collectif, remet en cause la façon dont les consultations publiques ont été menées : “On nous présente un projet déjà bien avancé et on nous demande de réagir. Où est la place du débat véritable ?”

Des promesses incertaines

Pour les détracteurs du projet de zone d’activité économique du Dardaillon, il semble être une promesse de progrès bâtie sur un paradoxe : “sacrifier des terres fertiles pour des objectifs économiques incertains”. Selon Lise Flores : “Ce sont des terres qui pourraient nourrir les habitants du territoire, des terres essentielles pour l’agriculture locale. Pourquoi détruire l’un pour prétendre créer l’autre ?”. Pour elle et ses alliés, le projet ne répond à aucune demande tangible, mais s’inscrit dans “une logique de développement aveugle qui met en péril l’environnement et la sécurité alimentaire”.

Pour les opposants, le véritable problème réside dans l’incohérence entre les besoins économiques réels et les ressources utilisées. D’après Raphaël Valette, “il y a déjà des zones d’activités sous-occupées à Lunel, à plus de 20 % de vacance. Pourquoi ne pas réhabiliter ces espaces inutilisés au lieu d’artificialiser encore plus de terres ? Ce projet est une réponse à un problème imaginaire.” L’argument qui ressort ici est la question de la rentabilité. Les opposants mettent en doute l’efficacité d’un projet qui, selon eux, “ne répond pas à une demande existante” mais à une volonté de pousser toujours plus loin “un modèle économique qui semble s’épuiser”. 

Lise Flores pose d’ailleurs la question : “On parle de 35 emplois par hectare, mais quel type d’emplois ? Quels salaires ? Sont-ils pérennes ? Ne rien savoir sur les types d’activités qui seront accueillis ici signifie que nous n’avons pas formé les Lunellois aux emplois qui seront créés. Finalement, on va ouvrir des postes pour des personnes venues de l’extérieur, alors qu’il y a un problème de chômage ici”. Pour les militants, l’offre d’emplois serait “plus symbolique que réelle”.

Des milieux davantage fragilisés

Au-delà de la question de l’emploi, l’impact environnemental est un autre point de friction. Pour les opposants, chaque mètre carré bétonné représente une menace pour la biodiversité locale. “Nous sommes en train de perdre ce qui fait notre richesse naturelle. Ici, c’est une terre fertile, qui abrite une faune et une flore précieuses”, s’indigne Raphaël Valette.

Selon lui, la destruction de ces terres agricoles ne met pas seulement en péril l’agriculture, mais toute une chaîne alimentaire fragile. Le territoire abrite des espèces menacées, comme l’outarde canepetière, et l’artificialisation des sols est perçue comme “un coup fatal à leur préservation”. L’imperméabilisation des sols, ajoutée à l’urbanisation croissante, augmenterait également les risques d’inondation et déstabiliserait les équilibres écologiques locaux. Les militants ne cessent de souligner qu’à long terme, “ce projet pourrait fragiliser encore davantage un écosystème déjà sous pression”.

Pour Coralie Mantion, conseillère municipale et métropolitaine à Montpellier, la ZAE du Dardaillon est une autre illustration d’une logique d’urbanisation effrénée. Comme pour la zone de Sablassou, dossier brûlant de Castelnau-le-Lez, elle plaise pour “une approche plus rationnelle de l’urbanisation” : “Avant de consommer du foncier, pourquoi ne pas optimiser les surfaces déjà urbanisées ? La question doit être posée au niveau national.”