Coralie Mantion, « Michaël Delafosse n’a pas tenu ses engagements envers les Montpellierains »

INFOccitanie du 04 avril 2024

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Coralie Mantion, vice-présidente de la Métropole de Montpellier, a voté contre le budget. Photo : Linda Mansouri

Coup de tonnerre lors du conseil de Montpellier Métropole le mardi 2 avril. En raison de son vote contre le budget, la vice-présidente écologiste, Coralie Mantion, pourrait perdre sa délégation à l’Aménagement durable du territoire.

Le constat est sans appel selon la vice-présidente de Montpellier Métropole, en charge de l’Aménagement durable du territoire, de l’Urbanisme opérationnel et de la Maîtrise foncière. Le PLUI « Climat » (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal-Climat), ne répond pas à l’urgence de l’adaptation aux chocs climatiques sur le territoire. L’élue fustige alors une « rupture de contrat » avec l’édile de Montpellier. Lors de la campagne municipale de 2020, la tête de liste EELV a prôné la préservation des espaces naturels. « Le maire s’était engagé sur la création d’une forêt urbaine, la préservation de la ceinture verte et l’arrêt de l’extension urbaine de Cambacérès par exemple. Michaël Delafosse n’a pas tenu ses engagements d’entre-deux tours envers les écologistes, ni envers les Montpellierains », dénonce amèrement Coralie Mantion.

Les désaccords entre les écologistes et le maire de Montpellier ne cessent de s’intensifier. Dernière dissension en date ? Le projet d’installation d’une filière CSR concernant l’incinération des déchets (notre article ici), dont les supposés bienfaits sont largement réfutés par les écologistes. Dans son intervention, Coralie Mantion a demandé le retrait de l’affaire 10 portant sur le sujet : « personne ici dans cet hémicycle n’a été élu pour construire un incinérateur, c’est pour cela que nous avons voté contre l’ordre du jour ». Quel est désormais son avenir au sein de la majorité PS de Michaël Delafosse ? Suivra-t-elle le chemin de François Vasquez, ayant perdu sa vice-présidence à la gestion des déchets suite à sa prise de de positon contre la filière CSR ? Ce dernier a par ailleurs été remplacé par René Revol, maire de Grabels, déjà en charge de la délégation de l’eau. François Vasquez de dénoncer : « On ne peut pas se faire élire sur une stratégie zéro déchet et imposer un incinérateur aux deux tiers du mandat ». 1,151 milliard d’euros, c’est le montant du budget primitif 2024 qui a été voté ce mardi par la Métropole. Le budget a été adopté malgré 14 voix contre et 3 abstentions.

Devant la métropole, le 2 avril, les citoyens mobilisés pour appeler à voter contre l’incinérateur. Photo : Coralie Mantion

Voilà des années que Coralie Mantion s’attelle avec son équipe à élaborer un PLUI à l’échelle des 31 communes de la métropole. « Il y a eu des avancées, avec des projets à fort marqueur écologiste et social. Je pense notamment à l’augmentation de logements sociaux, l’obligation de grands logements (T4/T5), une meilleure préservation des espaces verts et des arbres, l’amélioration des taux de pleine terre, le projet de l’Agriparc des Bouisses, la rénovation urbaine des Cévennes qui me tient à cœur… », liste la vice-présidente. Reste que ces avancées sont « mises à mal par des grands projets urbains qui détruisent des terres agricoles et rendent incohérent le PLUi Climat », nuance-t-elle aussitôt. Un PLIU qui en l’état n’est pas approuvé par les écologistes issus de la majorité.

Une « destruction de la ceinture verte de Montpellier »

« Nous assistons à la destruction de la ceinture verte de Montpellier avec la ZAC Cambacérès et la ZAC Gimel, la destruction du corridor écologique du Coteau de Malbosc. Ce sont 150 ha de terres agricoles et naturelles qui vont disparaitre. Également des écosystèmes et des paysages qui vont disparaitre. Ce sont des sols qui vont être imperméabilisés et qui vont aggraver les risques d’inondation », alarme-t-elle. Et de rappeler que 2023 a « battu des records de hausse de température », avec des alertes préfectorales quant au niveau des nappes phréatiques dangereusement bas. « On ne peut plus avancer à pas de fourmi. La transition doit se faire plus radicalement. Il faut absolument préserver nos terres agricoles et nos espaces de respiration », appelle Coralie Mantion de ses vœux.

« Le maire n’a pas tenu ses engagements d’entre-deux tours »

En matière d’oxygénation, le quartier Malbosc à Montpellier est un formidable écrin. Le projet d’urbanisation du site dit du ‘Coteau de Malbosc’, porté par la ville de Montpellier prévoyant la création de logements dès 2025, se heurte à une opposition citoyenne qui s’organise avec la création du Collectif Coteau de Malbosc. Le secteur du Coteau, entre Alco et Malbosc, proche de la Paillade, est une pépite de nature avec ses boisements, au milieu d’une urbanisation dense. « Ce lieu est investi par les habitants du quartiers Malbosc, des Cévennes, de Celleneuve, des associations de parapente car nous sommes dans un couloir de vent. C’est également un lieu de jeu pour les écoliers, de sociabilisation avec des jardins familiaux », liste Coralie Mantion qui craint de voir près de 20 hectares artificialisés. La vice-présidente entend préserver le « couloir de biodiversité et la continuité écologie » qui s’étend du parc du Domaine d’O jusqu’au cour d’eau Riotord à la Paillade.

Coralie Mantion vent debout contre le projet de ZAC du Coteau de Malbosc. Photo : Linda Mansouri

« Depuis plusieurs décennies, on ne s’occupe que de l’Est de Montpellier »

Le collectif Ceinture verte de Montpellier constitué en 2021 se mobilise pour protéger les terres naturelles et agricoles sur l’aire urbaine de Montpellier. Les riverains sont vent debout contre le projet de la future ZAC de Gimel à Grabels, et la création de centaines de logements. « Ce projet va nécessiter le développement de services et de commerces de proximité qui aggraveront l’étalement urbain et l’imperméabilisation des sols dans le secteur », dénonce le collectif. Les membres rappellent les impacts cumulés des projets de la Zac de Gimel, la Zac du Coteau de Malbosc et la Zac Euromédecine II. « Depuis plusieurs décennies, on ne s’occupe que de l’Est de Montpellier avec le projet de ‘Montpellier jusqu’à la mer’ porté par Georges Frêche. L’Ouest de Montpelier a été délaissé, il faut le rééquilibrer et préserver ses grands espaces de nature », suggère l’élue écologiste.

Collectif des 4 Boulevards et pollution

Autre sujet d’inquiétude, la pollution dénoncée par les riverains du Collectif des 4 boulevards à Montpellier. En cause, une exposition aux polluants jugée « dangereuse » dans le quartier, en raison de la circulation. « Depuis l’été 2022, nous subissons la mise à double sens de la circulation sur les 4 boulevards Berthelot, Vieussens, Rabelais et d’Orient, et des effets induits par la fermeture totale de l’Avenue Albert Dubout », explique le collectif. Coralie Mantion qui a rencontré le collectif et s’est rendue sur place constate : « un problème de report modal sur les 4 Boulevards, il y a une vraie problématique ». « Je pense que c’était une erreur de fermer l’Avenue Albert Dubout dans les deux sens. Il faudrait éventuellement l’ouvrir à sens unique, avec une fermeture complète au moment des entrées et des sorties d’école afin de sécuriser les écoliers », suggère Coralie Mantion. La conseillère municipale préciser avoir alerté la maire de Montpelier a plusieurs reprises afin d’organiser une rencontre avec les riverains, en vain.

Enfin, le coût de la rénovation de la place de la Comédie choque les opposants. Pour Alenka Doulain, cheffe de file du mouvement Nous sommes Montpellier, ce n’est rien d’autre que du « greenwashing ». « Pour moi, la place de la Comédie n’est pas la priorité, tout le monde n’habite pas l’écusson, il faut penser aux habitants de tous les autres quartiers de la ville, qui devraient pouvoir bénéficier de zones arborées. Certes, le centre-ville est le cœur battant, il faut préserver son attractivité, mais tous les financements ne peuvent pas être orientés vers le centre », conclut Coralie Mantion.