Métropole de Montpellier : « collectivité de l’investissement » ou « risque de banqueroute », le budget fait débat

ACTU.FR / 09 AVRIL 2025

Cédric NITHARD

La Métropole de Montpellier a adopté son budget 2025 marqué par un haut niveau d’investissement et une capacité de désendettement qui inquiète l’opposition.

L'opposition montpelliéraine s'est faite entendre ce mardi lors du vote du budget.
L’opposition montpelliéraine s’est faite entendre ce mardi lors du vote du budget. (©CN / Métropolitain)

Ce mardi 8 avril, la Métropole de Montpellier a adopté son budget 2025 à hauteur de 1,823 milliards d’euros. Un dernier budget de la mandature de Michaël Delafosse, aussi longuement défendu par l’exécutif avec des investissements massifs que vivement critiqué par l’opposition, essentiellement montpelliéraine, quant à la question de l’endettement de la collectivité.

1,061 milliards affectés aux politiques publiques

Si 79 affaires étaient à l’ordre du jour du conseil de Métropole, les sept premières liées à la fiscalité, dont le budget primitif 2025, ont donné lieu à pas moins de 3h30 de débats quand les autres, après quarante minutes de pause, furent englouties en près d’une heure. Plus que les débats, c’est la très longue présentation thématique par l’exécutif qui en a assommé plus d’un. Outre le vice-président aux finances Renaud Calvat, dix vice-présidents se sont enchainés afin de détailler les actions conduites dans sa délégation au cours de l’année à venir. « Cela a été trois mois de travail intense pour réaliser ce budget. C’est un travail coopératif, c’est le signe d’une métropole apaisée où les maires et les vice-présidents travaillent ensemble » pointe Renaud Calvat.

Ainsi sur 1,823 milliards d’euros, 1,061 milliards sont affectés aux politiques publiques : 375M€ (35%) pour les mobilités, 163M€ pour la voirie (15%), 158M€ (15%) pour l’environnement, 120M€ (11%) pour la culture (76M€) et le sport (43M€), 71M€ (7%) pour la solidarité, 52M€ (5%) pour soutenir l’activité économique, 41M€ (4%) pour la gestion des risques majeurs et 82M€ (8%) pour les fonctions supports. « Cette année encore, parce que c’était la priorité du mandat, 35% de notre budget de dépenses réelles seront affectées aux mobilités alternatives, au vélo, au tramway, au bus… 375M€, c’est un investissement sans précédent dans l’histoire de notre métropole, ce chiffre n’avait jamais été atteint. C’est principalement dû à la Ligne 5 et au bustram » a mis en avant le vice-président aux finances.

Au rayon fonctionnement, avec 675M€ de dépenses réelles et 760M€ de recettes réelles, la collectivité dégage une épargne brute de 85M€ soit une progression de 7M€ par rapport à 2024. « Faire ce budget a été complexe. Cela n’a pas été facile pour dégager une marge de manoeuvre », souligne Renaud Calvat, « Nous avons maitrisé la hausse des dépenses réelles de fonctionnements à 2,3% alors que nos recettes augmentent de 2,9%, nous dégageons donc une épargne brute en augmentation par rapport à l’année dernière de 8,5%. Beaucoup de collectivités aimeraient avoir ces ratios ». Satisfaction également avec le versement mobilité, un indice du dynamisme économique du territoire pour l’exécutif, passé de 95M€ en 2019 à 125M€ aujourd’hui.

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François Vasquez vs René Revol

Une « bonne gestion » très vivement critiquée par François Vasquez qui fustige « une politique droitière » et « des choix politiques funestes » en accusant Michaël Delafosse d’être « le fossoyeur multicarte en terme économique comme en santé publique » avant de viser, comme à chaque conseil, René Revol afin selon lui de « dénoncer des inepties ». L’ancien vice-président à la gestion des déchets reproche notamment à son successeur : « Depuis 2020, on entend réduction massive des déchets mais on a rien réduit. Où est-elle cette politique ? Et si on croit en elle alors pourquoi programme-t-on un incinérateur ? ». À nouveau pris à parti par François Vasquez lors du vote de la TEOM, qui après deux ans cesse son augmentation, René Revol répliqua de manière clinique : « Quand on est élu et que l’on a une responsabilité politique on l’assume. Je suis d’accord avec un point de Monsieur Vasquez, de 2020 à 2024, la gestion des déchets par son vice-président a été catastrophique » et de l’inviter « à venir visiter les chaudières CSR, qui ne sont pas des incinérateurs, tu dirais moins de conneries ». Plus qu’un round d’observation entre les deux hommes avant les débats du conseil du 16 juillet qui abordera cette question.

Évoquant également un point du code général des collectivité, qu’est la neutralisation budgétaire dont il soupçonne l’exécutif d’y avoir eu recours, François Vasquez explique : « Cet artifice comptable est l’outil des collectivités qui ont la corde au cou. Vous nous demandez de voter la prise de conscience du prochain naufrage budgétaire de notre métropole. Vous stipulez en toutes lettres l’aveu honteux d’une gestion raisonnée de l’argent public ». Renaud Calvat ne manqua pas de renvoyer l’argument : « Si vous ne maitrisiez pas avant, vous ne maitrisez pas non plus maintenant. L’outil de neutralisation budgétaire est intégré depuis l’an 2000, cela n’impacte en rien l’épargne brute car les amortissements sont intégrés aux opérations d’ordre et je l’ai bien présenté. Vous ne m’énervez jamais mais c’est irritant de découvrir que les interventions sont préparés avant que j’ai parlé. Ce que vous avez dit est techniquement faux ».

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