Le Capoulié à une chaîne made in China

Youtube EELV MONTPELLIER / CONSEIL MUNICIPAL / 15 OCTOBRE 2024

Célia Serrano, élue écologiste, dénonce le déclassement du bâtiment Le Capoulié, du domaine public communal pour louer à une enseigne ne répondant pas au défi du renouvellement économique et à l’exigence de qualité environnementale et urbaine. Il n’est pas possible d’allier redynamisation du centre et chaîne standardisée.

Dans un immeuble à l’histoire si intéressante, dont les locaux du rez-de-chaussée sont désaffectés depuis 6 ans maintenant, vous proposez de louer le bail à une enseigne danoise qui vend des produits fabriqués en Asie.

Dans la feuille de route de 2023, que vous citez dans la délibération, vous notez que « Le commerce est aujourd’hui confronté principalement à deux grands défis, d’une part renouveler son modèle économique dans un contexte tendu et concurrentiel marqué par l’impact croissant des nouvelles technologies sur les façons de consommer, et, d’autre part, répondre aux exigences de qualité́ environnementale et urbaine. »

En quoi une enseigne qui est implantée dans le monde entier, dont les produits suivent une logique d’achats d’impulsion, bien connue du marketing absolument pas responsable, qui fabrique des produits venant en majorité d’Asie du Sud pour une clientèle friande de design scandinave à bas prix et qui a fermé tous ses magasins en Espagne « répond aux défis de renouvellement du modèle économique et d’exigences de qualité environnementales et urbaine ? »

Cette politique du « en même temps » n’est pas possible. Il n’est pas possible d’allier redynamisation du centre et chaine standardisée. Il n’est pas possible de réunir exigences de qualité environnementale avec une enseigne qui vend des chinoiseries pailletées de design scandinave.

Pourquoi ne pas imaginer réellement un local ouvert aux acteurs de l’économie sociale et solidaire de façon pérenne ? Pour ces acteurs-là, le contexte est encore plus tendu.

Des études d’enseignants chercheurs, de sociologues, jusqu’à un rapport de l’Inspection générale des finances existent et documentent de façon politique et factuelle la dynamisation des centres-villes. Le modèle le plus pérenne est celui qui ose de nouvelles expériences commerciales, les alliant avec des espaces de vie, des espaces solidaires. Un centre-ville alliant enseignes mainstream, présentes au Polygone, avec des enseignes locales dans le centre ancien, pour un public à la recherche d’une consommation locale et engagée.

C’est quand on fait société que cela fonctionne, quand on construit une communauté qui est sensible aux enjeux sociaux ou environnementaux et qu’on lui donne les moyens d’y avoir accès : dans 700 mètres carrées, nous pourrions proposer des locaux partagés pour des associations avec une infrastructure pensée pour leur permettre d’honorer leur missions d’accueil et d’accompagnement pour les publics les plus fragiles, une plateforme logistique pour fournir des contenants en verre réutilisables pour les restaurateurs, la location de vaisselle pour toute fête associative et populaire, la livraison et le service de paniers maraichers ou de cagettes repas zéro déchet.

On serait alors très loin d’une politique visant à proposer toujours plus de standardisation des pratiques de consommation, un modèle purement marchand et capitaliste qui vous rassure, certes, mais qui n’innove en rien.

Nous pourrions imaginer de beaux projets qui répondent de facto aux objectifs de votre feuille de route et vous pourriez ainsi honorer ce que vous avez écrit. Au lieu de ça, vous sacrifiez des initiatives qui contribueraient à garder notre centre-ville attractif et désirable en créant du lien social, en promouvant des pratiques durables et en soutenant l’inclusion. Une autre idée de la ville et de sa façon d’habiter.