Youtube EELV MONTPELLIER / CONSEIL DE METROPOLE / 08 OCTOBRE 2024
Célia Serrano, élue écologiste, se désole de l’annulation des spectacles au Domaine d’O, seulement un mois avant les premières dates. Elle, qui avait alerté l’exécutif à de multiple reprises, sur les problèmes financiers de la structure, dénonce une mauvais anticipation qui ne permet pas de donner les moyens suffisants aux équipes de mettre en place une politique culturelle ambitieuse.
Je voudrais apporter mon sentiment sur l’annulation des spectacles du premier trimestre de cette saison.
Je m’en suis émue lors du dernier conseil d’administration car il y a des choses qu’on ne fait pas.
Cela fait un an que nous sommes au courant d’un déficit annoncé de 200 000€. Un après, nous avoisinerions les 700 000€. Les raisons nous ont été explicités lors du Conseil d’administration de fin septembre et concernent une mauvaise gestion, le cout des fluides et le paiement des factures sur deux exercices en vue de la clôture des comptes de l’EPIC.
Par conséquent, vous décidez d’annuler certains spectacles : restent les co-accueils.
Les spectacles que vous décidez d’annuler, de façon unilatérale (en tant qu’administratrice, je l’ai appris via un article de presse et l’ODJ du CA), le sont un mois/un mois et demie avant les premières dates. Déprogrammer des spectacles dont les contrats n’étaient pas signés un mois avant les dates programmées, ça ne se fait pas, c’est indécent.
Déprogrammer un festival de cirque, un festival rassembleur, familial et populaire qui en plus se joue dans les communes de la métropole, garantissant un accès à des spectacles de qualité à des publics éloignés, ça ne se fait pas et cela en dit long sur une certaine idée de la culture.
Déprogrammer des compagnies de cirque qui auront du mal à trouver leur place dans une programmation théâtrale je pense déjà établie, c’est un sacré défi.
Derrière, il y a des artistes et des techniciens, intermittents du spectacle, qui se retrouvent avec des dates en moins, et c’est toute une économie qui se trouve fragilisée. Nous le savons et c’est de notre responsabilité. Les équipes nous ont dit que tout était fait pour leur redonner des dates cette saison, et je l’espère vraiment.
Nous sommes au courant d’un déficit depuis un an maintenant, les choix artistiques appartiennent aux programmateurs, mais la responsabilité financière nous incombe. Je vous ai alerté à de maintes reprises, je sais que je ne suis pas la seule.
Je vous ai alerté dès les premiers mois de notre arrivée sur une équipe en souffrance. Je vous ai alerté sur le traitement RH non équitable de cette même équipe. Je vous ai alerté sur l’absence de projet qui maintient une souffrance latente car dans ces maisons, il est difficile de trouver un sens à nos missions s’il n’y a pas de projet. Je vous ai alerté sur des recrutements de personnes néfastes sur l’équipe, je vous ai alerté sur le déficit il y a un an. Je n’ai tout juste reçu que des oui oui on va gérer.
En tant qu’administratrice, mon impuissance me sidère. J’ai longtemps fait partie d’une maison en souffrance et je me suis toujours demandée si les collectivités publiques présentes au CA étaient au courant de la situation et quels moyens d’action elles avaient. Quand je me suis retrouvée administratrice, j’ai évidemment eu cette écoute, cette volonté de faire attention aux équipes. Mais nous sommes impuissants car nous ne sommes pas suivis, nous ne sommes pas écoutés et malgré nos alertes, vous n’avez pas géré.
Alors j’ai une requête pour l’EPCC puisque là enfin, il devrait y avoir un projet, si tant est que nous ayons les moyens d’assumer notre ambition culturelle (avec un déficit de cette ampleur, rien n’est gagné). Je ne serai pas une des administratrices, évidemment, mais je vous fais la demande de prendre soin de notre ambition culturelle et prendre soin des humains qui la composent : respecter les engagements pris auprès des artistes, considérer vos administrateurices, les écouter, leur faire confiance, et je demande aux administrateurices d’avoir une écoute particulière auprès de l’équipe de la Cité du Théâtre, de les considérer et de les associer pleinement au projet. Ils et elles connaissent leurs métiers et font un travail remarquable, si tant est qu’on leur donne les moyens de le faire.