Conférence de presse du 4 octobre 2024
Gil Martin
Les élus EELV du grand Montpellier font corps pour critiquer le PLUi préparé par la Métropole. Ils voteront contre ce mardi 8 octobre Explications…
La belle union entre les élus socialistes rangés derrière Michaël Delafosse et les Verts d’EELV n’aura pas survécu à la totalité du mandat du maire-président de la Métropole. Entre l’hiver et le printemps, plusieurs élus écologistes ont été débarqué de leurs vice-présidence pour incompatibilité de vision sur de grands dossiers, du tri/valorisation des déchets ménagers jusqu’à la finalisation du PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal), un document majeur qui fixe les grands projets d’urbanisme à venir.
Des Verts « destitués » par Michaël Delafosse
Coralie Mantion, vice-présidente de la Métropole en charge de l’aménagement durable du territoire, et donc du PLUi depuis 2020, a été démise de ses fonctions en avril dernier, comme avant elle François Vasquez, vice-président et délégué à la Collecte, tri, valorisation des déchets… Depuis, les élus EELV qui ont retrouvé leur indépendance contestent certaines décisions de la majorité municipale, notamment le PLUi qui sera justement présenté au vote des élus des 31 communes métropolitaines ce mardi 8 octobre.
Les Verts unis contre le PLUi
Juste avant ce rendez-vous crucial pour l’avenir du territoire, Coralie Mantion et Jean-Louis Roumégas, qui a retrouvé son fauteuil de député de l’Hérault sur la 1ère circonscription lors des dernières législatives, ont tenu, depuis le site de Pérols qui devait accueillir le nouveau stade du MHSC, à faire un petit point sur le PLUi proposé par la collectivité. Ils étaient accompagnés des représentants des groupes locaux les Écologistes/EELV des trois grands territoires de la Métropole de Montpellier : GL Montpellier, GL Clapas et GL Mosson.
« Le projet de PLUi de la Métropole ne permet pas de tourner la page de la bétonisation et de la croissance à l’infinie qui ne font que générer et aggraver les problèmes de logements, de déplacements, d’embouteillage et de pollution de l’air »Jean-Louis RoumégasDéputé de la 1ère circonscription de l’Hérault
Les Verts ne sont pas tendres avec ce que propose Michaël Delafosse et promettent de faire tout leur possible pour que ce PLUi ne soit pas adopté. « Mardi prochain sera soumis au vote l’arrêt de la concertation du PLUi et son bilan… Nous avons constaté que malgré une mobilisation très forte de la population, entre autres sur Sablassou avec près de 1000 avis défavorables et sur le Coteau de Malbosc avec 7000 signataires de la pétition, Michael Delafosse s’entête et n’écoute pas la population pourtant concernée par les projets d’urbanisation… Nous sommes dans un réel déni démocratique ».Vidéos : en ce moment sur Actu
Des projets de ZAC contestés
Dans le viseur, plusieurs projets portés par la Métropole : la réserve foncière du Sablassou pour accueillir la nouvelle Clinique du Parc qui souhaite déménager, mais aussi la Zac de Gimel et celle de la Lauze, le (défunt) projet de la ZAC du Coteau, l’aménagement du nouveau quartier Cambacérès, ou encore les Hauts de Lattes : « Aujourd’hui, Michaël Delafosse et sa majorité n’entendent pas les citoyens qui veulent d’un urbanisme concerté, préservant les espaces naturels et agricoles. Ces terres ne lui appartiennent pas : elles appartiennent à tous les enfants de la métropole de Montpellier. Les habitants doivent être entendus ».
« Une vision dépassée de l’urbanisme »
Jean-Louis Roumégas, qui confie avoir « interpellé en vain le maire de Montpellier sur le terrible sort des riverains des 4 boulevards », évoque un maire « buté sur certains projets, incapable d’écouter les gens ». Le député pousse l’analyse plus loin : « Michaël Delafosse reste sur une vision qui était celle de Georges Frêche et Raymond Dugrand, celle d’une mégapole devant s’agrandir vers la mer en consommant toutes les terres… La donne a changé, le monde aussi, cette vision est dépassée : les températures ne cessent d’augmenter, le trait de côte recule… En l’état, le projet de PLUi de la Métropole ne permet pas de tourner la page de la bétonisation et de la croissance à l’infini qui ne font, comme chacun peut l’observer, que générer et aggraver les problèmes de logements, de déplacements, d’embouteillage et de pollution de l’air ».
« 750 ha voués à disparaitre en 10 ans »
Stéphane Herb, du GL Lattes et Mosson, estime que la politique de la Métropole, « qui s’était engagée à rendre notre territoire plus résilient, et en situation d’échec. Le président de la Métropole se comporte en prédateur des espaces naturels. Concrètement, avec les ZAC Gimel et Cambacérès qui détruisent la ceinture verte de Montpellier, avec les projets sur les Hauts de Lattes et à Boirargues, la plaine du Baillarguet à Montferrier-ur-Lez qui détruisent nos paysages, ou encore Sablassou à Castelnau-le-Lez, l’Estanel et la Lauze Est qui détruisent des terres agricoles, près de 750 hectares d’espaces naturels et agricoles sont voués à disparaître sous le béton dans les dix prochaines années ».
« Arrêter la stratégie de l’hyper métropolisation et œuvrer pour du réinvestissement urbain et un véritable rééquilibrage du territoire »
« Ces projets, ce sont des sols qui vont être imperméabilisés et qui vont aggraver les risques d’inondation, des espaces de respiration et des havres de fraicheur qui vont être détruits, des cultures agricoles qui seront perdues et des écosystèmes avec leur biodiversité condamnés à disparaitre », surenchérit Coralie Mantion : « C’est cela le projet de la Métropole défendu par Michaël Delafosse, un projet funeste et destructeur pour notre territoire ».
Revoir le PLUi de la Métropole
Les élus EELV prônent une autre méthode « que le passage en force de Michaël Delafosse », poursuit Jean-Louis Roumégas : « Le Plan Local d’Urbanisme intercommunal peut être un outil majeur de la transition écologique de notre territoire, à la condition d’arrêter la stratégie de l’hyper métropolisation et d’œuvrer pour du réinvestissement urbain et un véritable rééquilibrage du territoire qui va donner de l’air à Montpellier et qui va permettre de redynamiser des territoires en déclin ».
Des maires voteront-ils contre ?
Les élus EELV de la Métropole voteront contre le PLUi en espérant être suivis par d’autres élus… et des maires : si une seule commune sur 31 votes contre le document, la collectivité devra partiellement revoir sa copie. « Nous espérons que les élus assumeront leurs responsabilités. Dans le PLUi actuel, le compte n’y est pas pour préparer Montpellier aux chocs du dérèglement climatique et pour construire un avenir désirable ». Réponse ce mardi.