Coteau de Malbosc : zone naturelle ou future ZAC ?

La Marseillaise du 22 mars 2024

Le projet d’urbanisation envisagé par la Ville de Montpellier est combattu par un collectif de citoyens attachés à ce « poumon vert ». À la Métropole, la vice-présidente EELV veut aussi préserver la biodiversité du béton.

Le projet d’urbanisation envisagé par la Ville de Montpellier est combattu par un collectif de citoyens attachés à ce « poumon vert ». À la Métropole, la vice-présidente EELV veut aussi préserver la biodiversité du béton.

C’est un projet dans les cartons de la Ville depuis 2011, signe probable qu’il pose certaines difficultés. À quelques mois du vote du Plan local d’urbanisme intercommunal (Plui), tant discuté dans la Métropole de Montpellier, la ZAC du Coteau de Malbosc, refait surface. Et devient le symbole d’une l’équation casse-tête pour la majorité du maire et président Michaël Delafosse (PS) : comment répondre aux besoins criants en logements (notamment sociaux) sans continuer à bétonner des terres naturelles ?

Au nord de la ville, bordé par le Château d’Ô, les Hauts de Massane et Alco, le Coteau de Malbosc est un espace de nature presque vierge de 25 hectares si l’on en croit le Plan local d’urbanisme (PLU) de la Ville. Assez méconnue, la zone semble renaître depuis la crise sanitaire. «Les habitants ont redécouvert cette nature presque vierge pendant le Covid. Ils se la sont réaccaparés, en venant faire du sport, se promener en famille, ou balader leur chien», raconte Pierre Deltour. Membre du comité d’animation du collectif du Coteau de Malbosc créé il y a un an, il milite pour faire classer en « zone naturelle » cet écrin de verdure qui pourrait devenir une « zone à urbaniser ».

Rien n’est encore tranché. Entre l’adjointe au maire Maryse Faye* (PS) et la vice-présidente à la Métropole Coralie Mantion (EELV), les négociations se poursuivent. D’ici quelques semaines, les arbitrages seront rendus par Michaël Delafosse. Celui-ci connaît bien le dossier puisqu’il avait été chargé d’y réfléchir à l’époque en tant qu’adjoint d’Hélène Mandroux. Lors du mandat précédent, son prédécesseur Philippe Saurel prévoyait de construire 1 600 logements (soit environ 2 500 habitants). L’option actuelle souhaiterait réduire la voilure. Selon Coralie Mantion, il ne serait plus question que d’un millier de logements, peut-être un peu moins, à bâtir sur 18,5 hectares au lieu de 25.

Insuffisant pour convaincre l’élue écologiste de se ranger. «J’espère convaincre Michaël Delafosse de supprimer cette ZAC.» Pour elle, les enjeux de paysage et de biodiversité sont trop importants, même si à l’ouest, les jardins familiaux qui jouxtent la Paillade ne seraient pas remis en cause, dit-elle. «C’est un espace de respiration pour les habitants de nombreux quartiers, un couloir vert avec vue sur le clocher de Saint-Anne et sur la Paillade», argumente Coralie Mantion qui précise qu’une étude «quatre saisons » serait indispensable.

Pression démographique

Au collectif du Coteau, Pierre Deltour qui voit en elle une alliée, ne dit pas autre chose. «C’est le seul espace naturel préservé qui existe dans cette zone. On pensait que ce projet serait abandonné par Michaël Delafosse qui en 2020 avait promis de remettre à plat toutes les ZAC.» Pour Pierre Deltour, qui s’inquiète d’être sans nouvelles de Maryse Faye depuis leur réunion de juin 2023, cette réalisation serait un «immense loupé». «C’est un projet d’un autre temps, pas adapté à une ville doit lutter contre le réchauffement climatique.» Il met en avant le «besoin de respiration» ou le «problème du ruissellement des eaux» pour convaincre qu’il «ne faut pas bétonner» la zone.

Reste que les élus sont confrontés à une pression démographique telle qu’ils doivent construire des logements, notamment sociaux, compte tenu de la pénurie de mises en chantier depuis le Covid. «On ne le nie pas mais il y a des lieux plus adaptés comme des friches urbaines délaissées ou les nombreux logements vacants en centre-ville», fait valoir Pierre Deltour. «Du logement social, il y en a déjà beaucoup au nord. Si on veut rééquilibrer la ville, on peut en faire ailleurs comme à Port Marianne», acquiesce Coralie Mantion (EELV).

L’élue écologiste avance par ailleurs l’argument de la loi « Zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols. D’ici 2030, elle oblige les collectivités à réduire de 50% les constructions en comparaison de celles réalisées sur la décennie 2010-2020. « Environ 1 400 hectares avaient été urbanisés. À l’échelle du futur Plui, on ne pourra donc en réaliser qu’environ 700 de plus», calcule-t-elle. Un chiffre contesté par Pierre Deltour. Sur la base des données du site du ministère, il considère que seuls 360 ha sont urbanisables dans la métropole. «Abandonner cette ZAC serait une contribution au respect de la loi ZAN. On le fera valoir au commissaire enquêteur.»