EELV / Réponse envoyée à La Gazette le 08/12/2025
La Gazette a publié un article intitulé « Ordures : l’exemple de Copenhague » qui comporte de nombreuses affirmations erronées concernant la situation de Montpellier et les projets actuellement prévus sur le site d’Amétyst. Les écologistes ont souhaité apporter plusieurs rectifications indispensables.
1. Contrairement à ce que La Gazette écrit, il n’est aucunement prévu de “remplacer Amétyst”
La Métropole ne ferme pas l’unité Amétyst : elle y ajoute deux nouvelles installations industrielles :
- Une unité de préparation mécanique destinée à découper et broyer des plastiques et autres déchets non recyclables en particules très fines ;
- Une unité d’incinération de ces résidus broyés.
Il s’agit donc bien d’un doublement industriel sur un site déjà saturé, mal conçu, mal ventilé et historiquement source d’odeurs, de nuisibles et de nuisances pour les riverains.
Parler “d’amélioration” ou “de remplacement” est faux : on ajoute de l’activité à un site déjà problématique, sans stratégie globale de réduction des déchets.
2. Le CSR n’est en aucun cas une solution à la problématique des déchets, pas plus qu’à la production d’énergie
Le projet montpelliérain ne répond ni à la logique circulaire, ni aux standards européens les plus stricts, et entraînera mécaniquement une augmentation du volume de plastiques brûlés.
3. L’exemple de Copenhague est inexact et trompeur
L’usine “Copenhill”, dans la capitale danoise, est devenue célèbre pour son architecture spectaculaire, mais elle est loin d’être un modèle écologique :
- La ville manque de déchets pour faire tourner son incinérateur ;
- Le Danemark importe désormais des déchets de Grande-Bretagne et d’Allemagne pour maintenir la rentabilité de ses fours ;
- Le pays est le plus gros incinérateur de déchets par habitant d’Europe, et ses émissions de CO₂ liées aux déchets explosent, ce que dénoncent les ONG danoises et l’Agence européenne de l’environnement.
Prendre Copenhague en exemple revient à citer un modèle dont même le gouvernement danois reconnaît aujourd’hui qu’il était une erreur stratégique.
4. Les propos de la scientifique Nathalie Gontard ont été sortis de leur contexte
Vous citez la chercheuse de l’INRAE, Nathalie Gontard, en tronquant son raisonnement. Son travail démontre précisément que :
- Le recyclage mécanique du plastique est un non-sens environnemental,
- L’incinération génère des micropolluants et du CO₂,
- Et que la seule stratégie viable repose sur la réduction à la source des plastiques, le vrac et la consigne, non sur la création de nouveaux incinérateurs.
Mme Gontard répondra – sans nul doute – à votre article.
5. La stratégie déchets de la Métropole reste marquée par l’absence de vision à long terme
Alors que d’autres territoires investissent massivement dans :
- la réduction à la source,
- le tri à la maison,
- la tarification incitative,
- la collecte séparée des biodéchets,
- la réparation et le réemploi,
Montpellier persiste dans un vieux modèle : brûler toujours plus.
Ce choix va à rebours du droit européen, qui impose une hiérarchie claire : prévention > réemploi > recyclage > valorisation (et non l’inverse).
6. Alors, à qui profite réellement cet article ?
L’article de La Gazette présente des affirmations qui correspondent davantage au discours des promoteurs d’un projet industriel que la population n’a jamais vu détaillé publiquement.
L’exactitude des faits, la transparence et la rigueur scientifique devraient guider le traitement d’un sujet aussi grave que la gestion des déchets et l’exposition des habitants aux polluants.
En résumé
La Métropole s’apprête à installer une nouvelle filière d’incinération du plastique à Montpellier, au mépris des alertes scientifiques, de la hiérarchie européenne des déchets et des attentes citoyennes.
Cet enjeu mérite mieux qu’un récit embellissant et rempli d’inexactitudes.
