ACTU.FR / 17 JUIN 2025
Cédric NITHARD
La Métropole de Montpellier envisage de transformer l’usine de méthanisation Amétyst en chaudière CSR. Pour les Écologistes, il s’agira d’un incinérateur à plastiques.

Les Écologistes n’en démordent pas. « Un incinérateur de déchets plastiques arrive à Montpellier. L’arrivée du nuage toxique en ville, c’est pour demain » annoncent ainsi leurs tracts et affiches. En cause le projet de la Métropole de faire évoluer l’usine Amétyst en unité CSR (combustible solide de récupération) et, selon eux, le manque de transparence de la collectivité. Un sujet sur lequel ils entendent bien informer et mobiliser les citoyens. Et, même, si rien n’est encore clairement sur la table. À neuf mois des élections municipales, les Écologistes en font clairement un enjeu prioritaire.
Informer les citoyens
Après avoir distribués des tracts sur les quais du tramway, Jean-Louis Roumégas, Coralie Mantion et François Vasquez se plient volontiers au jeu du collage d’affiches pour les journalistes en prenant le pinceau. « Prêt à perdre votre respiration ? Stop CSR » annoncent les Écologistes. Hasard du jour, la campagne d’Isabelle Perrein en fait les frais. « Cela ne fait pas de mal » ironise François Vasquez visiblement pas prêt de s’entendre avec la candidate sans trop savoir où en était sa position quant au sujet du jour. Un sujet qui a déjà fait beaucoup parler à Montpellier et qui fera encore beaucoup parler notamment à l’approche du 16 juillet quand le conseil de Métropole devra voter une nouvelle DSP (Délégation de Service Public) pour la transformation de l’usine Amétyst incluant la possibilité d’une chaudière CSR.
Isabelle Perrein se tourne vers San Francisco
La candidate Isabelle Perrein s’est récemment exprimée en proposant « une alternative écologique et responsable au projet de CSR » qui s’inspire « de modèle circulaire de gestion des déchets inspiré des meilleures pratiques internationales, comme à San Francisco ».
Il s’agira en premier temps de mutualiser les flux à l’échelle régionale avec les métropoles et intercommunalités voisines ce qui permettrait selon elle « la création d’un centre de tri automatisé et performant » ainsi que « le développement de filières locales de transformation (textile, bois, plastiques, métaux…) et « la mise en place d’un véritable plan industriel du recyclage à l’échelle régionale ».
En parallèle, l’idée est de « valoriser et transformer les déchets avec une stratégie inspirée du modèle « zéro déchet » de San Francisco » et de détailler les piliers que sont « le tri à la source par les habitants complété par le tri mécanique avancé, le compostage généralisé des biodéchets, la collecte séparée de flux spécifiques (déchets verts, verre, encombrants…) et des partenariats avec des entreprises locales pour la transformation ». Selon Isabelle Perrein, « cette démarche permettrait de réduire jusqu’à 80 % des déchets incinérés ou enfouis, tout en créant des emplois durables et non délocalisables ».
À un mois du conseil de métropole qui décidera de la prolongation de la DSP d’Amétyst, la candidate appelle à « sortir du modèle de combustion et de s’engager résolument dans une transition écologique juste, précautionneuse de la santé de nos concitoyens ».
« Nous sommes là pour alerter la population car, pour le moment, les habitants ne sont pas encore au courant. Il faut vraiment qu’ils se mobilisent contre ce projet » souligne Coralie Mantion qui invite à signer une pétition (plus de 3 500 signatures actuellement) et à manifester devant le conseil de métropole le 16 juillet pour « appeler à voter contre la DSP d’Amétyst ». Et peu importe si leur communication frôle la limite quand du côté de la métropole, comme l’a fait René Revol lors du dernier conseil, on défend ne pas faire un incinérateur à plastiques. « Les autres déchets comme le papier, le carton ou les canettes en aluminium par exemple seront valorisés. Qu’est-ce qui restera à brûler si ce n’est le plastique dur ? On ne déforme pas la réalité » tonne l’ancienne vice-présidente. Pour François Vasquez, « on change les noms mais c’est toujours de l’incinération derrière. On vous parle des filtres mais c’est faux. On dit qu’il y aura des normes mais on change les normes en fonction des rejets ».
Le grand tourisme des déchets
Et si la métropole oppose qu’il est nécessaire de trouver une solution afin d’arrêter d’exporter nos déchets ultimes, pour François Vasquez c’est tout simplement « une manipulation pour faire croire qu’il faut un incinérateur » car selon lui « seul 20 000 tonnes de nos déchets partent à Toulouse, tout le reste part à Narbonne, dans le Gard ou à proximité. C’est à dire que le grand tourisme des déchets est extrêmement facile à réduire si on tri nos biodéchets. 80% de ce qui est dans un bac gris ne devrait pas y être donc on peut faire diminuer le nombre de kilomètres et de tonnages de manière impressionnante. Ce qui fait la pollution ce n’est pas le transport des déchets mais le tonnage entre sa collecte, son traitement et ensuite son exportation ».