Traitement des déchets à Montpellier : un front écologiste contre le projet d’incinérateur à plastiques à Garosud

MIDI LIBRE / 12 MAI 2025

Guy TRUBUIL

François Vasquez, Jean-Louis Roumégas et Coralie Mantion, ce lundi aux Grisettes pour le lancement de leur campagne contre l’incinérateur CSR.François Vasquez, Jean-Louis Roumégas et Coralie Mantion, ce lundi aux Grisettes pour le lancement de leur campagne contre l’incinérateur CSR. Midi Libre – G. T.

Le député NFP Jean-Louis Roumégas, les élus d’opposition François Vasquez et Coralie Mantion ont présenté ce lundi la « campagne Stop CSR » en référence au projet d’un incinérateur de combustibles solides de récupération (CSR), que la majorité de la Métropole entend mettre en place dans le prolongement de l’usine Ametyst à Garosud. Ils entendent faire de ce dossier, l’un des sujets de premier plan de la prochaine campagne des élections municipales.

« On y est totalement opposé. Il n’y a pas de compromis possible ». Jean-Louis Roumégas est catégorique : le projet de construction d’un incinérateur CSR (pour combustibles solides de récupération, dit aussi incinérateur à plastiques) doit être abandonné par la Métropole. Le député écologiste du Nouveau front populaire a présenté ce lundi la « campagne Stop CSR » qu’il entend mener auprès des élus et de la population contre cette implantation envisagée sur le site de Garosud, dans le prolongement de l’usine Ametyst.

Demande d’un moratoire

« C’est un contresens absolu. Nous tenons à tirer la sonnette d’alarme. L’incinérateur CSR est un non-sens pour la stratégie de traitement des déchets, ça veut dire qu’on abandonne de fait la politique de réduction des déchets » assure le parlementaire, à l’origine d’une question écrite au gouvernement pour décréter « un moratoire urgent » sur ce type d’installations, « dans l’attente d’une évaluation nationale approfondie sur l’efficacité réelle, leur viabilité financière, leur compatibilité avec les engagements climatiques et leur impact sur la santé publique ».

Sur l’agenda des municipales

Avant une réponse nationale à l’échelle nationale, Jean-Louis Roumégas souhaite également mettre la question au cœur du débat local, dans la perspective des prochaines élections municipales. « Dans les mois à venir il y aura deux catégories d’élus : ceux qui sont pour, ceux qui sont contre. Nous, on souhaite l’abandon et nous sommons le président de la Métropole de différer la décision. Que les électeurs puissent trancher de façon sereine » lâche-t-il. En avril dernier, la collectivité s’est déjà prononcée en faveur de la filière CSR dans le cadre du renouvellement de la délégation de service public d’Ametyst. Le dossier doit à nouveau être abordé lors du conseil de Métropole de juillet prochain.

Haro sur Revol

« Je trouve incompréhensible que René Revol, membre de LFI, soit allé au secours de Michaël Delafosse sur un sujet politique comme celui-là ». Jean-Louis Roumegas est cinglant avec le maire de Grabels et vice-président de la Métropole qui a récupéré la question du traitement des déchets après le départ de François Vasquez. Et qui porte désormais le dossier de l’incinération CSR. À l’échelle nationale, les députés LFI Nathalie Oziol et Sylvain Carrière ont signé, de leur côté, pour un moratoire sur le développement de ces équipements. « Il y a un hiatus entre les positions nationales et les réalités de terrain » poursuit le parlementaire écologiste. François Vasquez dénonce, lui, le paradoxe entre le choix d’une délégation de service public choisi pour le traitement des déchets et celui, inverse, prôné par René Revol et Michaël Delafosse pour la régie de l’eau.

Ce serait « un déni de démocratie, à quelques mois des municipales » estime l’élu qui, dans cette « campagne », compte sur Coralie Mantion et François Vasquez, anciens membres de la majorité de Michaël Delafosse, démissionnaires. « Cette usine c’est une bombe à retardement, un projet toxique pour la santé des habitants, pour l’environnement qui conduira à une augmentation de la taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères » assène l’ancienne vice-présidente chargée du PLUi. « Les dioxines, les furanes et les particules fines seront vaporisées comme les PFAS. Ne pas alerter les Montpelliérains serait une faute grave. Aujourd’hui beaucoup de médecins nous rejoignent » renchérit François Vasquez.

« Ni cobayes, ni pigeons »

« Un incinérateur est une usine à fabriquer des polluants. Les PFAS sont des substances qui agissent à des doses infinitésimales » reprend Jean-Louis Roumegas qui appuie son diagnostic sur les travaux du docteur Thomas Bourdrel à Strasbourg et insiste sur ces « risques sanitaires »« l’effet cocktail » des émanations non filtrées avec la pollution atmosphérique. « On ne veut être ni des cobayes ni des pigeons. On veut informer les Montpelliérains car le danger n’est pas connu mais tout le monde a compris le gouffre financier » que l’installation va représenter insiste encore François Vasquez. Les trois élus promettent une « campagne de terrain » pour porter leurs arguments.