Youtube EELV MONTPELLIER / CONSEIL MUNICIPAL / 15 OCTOBRE 2024
Lors du Conseil Municipal, Coralie Mantion a pointé les incohérences entre les discours et les actes, avec 150 hectares de terres agricoles et naturelles qui sont vouées à disparaitre. Elle s’est dit également choqué du passage en force, le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal ne correspondant pas aux attendes des habitants du territoire.
20%, seulement 20% de la commune de Montpellier est classé en zone naturelle ou agricole dans le PLUi.
Loin, très loin des besoins pour rendre la ville respirable, apaisée, vivable malgré les vagues de chaleur à 45 degrès qui s’annoncent.
Alors que vous vous étiez engagé à vous opposer fermement à l’étalement urbain et à sanctuariser la ceinture verte de Montpellier pour protéger nos terres agricoles et nos espaces naturels ; globalement, à viser un objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon 2030 (je cite le courrier que nous avions coécrit et envoyé à Greenpeace lors de la campagne des municipales) ; ce sont 150 hectares qui vont encore disparaitre dans les 10 prochaines années sur Montpellier, ce sont 750 hectares à l’échelle de la Métropole.
Vous parlez d’une trajectoire ambitieuse, mais de 2010 à 2020, ce sont 200 hectares qui ont été consommé sur Montpellier. Ce n’est donc qu’une diminution de 25% qui se profile, loin des 50% annoncé.
Vous parlez d’une priorité au réinvestissement urbain. Mais sur les 150 hectares de zone AU, ce sont 140 hectares en extension urbaine, soit plus de 90% des projets.
Avec la ZAC Cambacres, Rieucoulon, Gimel, Euromédecine, vous détruisez la ceinture verte de Montpellier.
Alors que ces espaces, en lisière des communes, sont nécessaires pour absorber la pollution de l’air, pour créer des espaces tampons entre les communes, pour créer des corridors, des continuités écologiques, pour offrir des refuges pour la faune.
A Malbosc, vous détruisez des espaces de respiration en cœur de ville
Il est vrai que vous avez un peu rétropédalé puisqu’il n’y a plus de logement de prévu dans le secteur nord Henri Lagattu. Mais la zone reste classée en zone AU avec des hauteurs pouvant aller jusqu’à 10m. Alors que sur ce site, nous avons une vue panoramique magnifique.
Des équipements sont prévus. Or, le déclin de la biodiversité est tel qu’on ne peut plus se permettre de détruire de tel espace de nature. En 40 ans, les populations d’oiseaux ont chuté de 30% en milieux urbaines.
Et d’autres sites sont possibles. Je rappelle qu’il y a un gymnase au collège François Rabelais, des terrains de sport au lycée Jean Monnet. Il faut mutualiser ces équipements et les ouvrir aux associations du quartier. Il y a le site de l’ancienne école de Malbosc qui un terrain déjà artificialisé mais plus occupé.
Le poumon vert de Malbosc doit préserver dans son intégralité de toute urbanisation car c’est une continué écologique entre le parc du Domaine d’O et le Rieutord.
En plus, de ces extensions urbaines, ce sont des grignotages par-ci, par-là qui continuent de malmener le territoire. Après la Friche de Mimi, le Pont Trinquat, ce sont des petits espaces de respirations qui disparaissent comme par exemple, la parcelle du Boulevard Louis Blanc aux Beaux-Arts pour construire une Folie !
Alors qu’au contraire, il faut renforcer les armatures végétales, restituer des continuités écologiques. Car ces petites poches de verdures permettent de lutter contre les ilots de chaleur, créent des lieux de refuge pour la faune, apaisent. Les interactions avec la nature, même minime, réduisent l’anxiété. Il n’y aura pas de ville nature sans ces interstices.
Il est vrai qu’il faut répondre aux besoins de logements.
Mais l’hyper métropolisation a atteint ses limites. Concentrer les logements et les emplois sur Montpellier n’est pas bon pour l’équilibre du territoire. Cela appauvrit des villes moyennes. Cela oblige les habitants à utiliser la voiture pour aller travailler à des dizaines de kilomètres de là où ils habitent. Et cela provoque l’asphyxie de Montpellier où 100 000 voitures entrent chaque jour. Ce modèle n’est plus soutenable.
Il est temps de sortir de la politique de la vampirisation. Il est temps de coopérer avec les territoires voisins pour bâtir, en bonne intelligence, une politique d’équilibre et de cohésion territoriale.
Une ville moyenne comme Lodève compte plus de 18% de logements vacants. C’est trois fois plus qu’à Montpellier. C’est considérable. L’intérêt général ce n’est pas de continuer à vider des logements à Lodève pour en construire de nouveaux à Montpellier. L’intérêt général c’est d’aider Lodève à relancer son économie et à remettre sur le marché ses logements vacants. L’intérêt général c’est de mettre toutes nos forces, tous ensemble, pour irriguer le développement dans tous nos territoires.
L’autre solution pour répondre à la demande de logement sans détruire les terres agricoles et naturelles porte sur la densification raisonnée de la ville. Construire la ville sur la ville est la meilleure manière de lutter contre l’étalement urbain. Mais pas n’importe où, pas n’importe comment et par à n’importe quel prix.
Le projet de réinvestissement urbain de la Restanque par exemple, doit être revu. Car ce quartier ne vivra pas, ne sera pas attractif, s’il n’y a pas d’espaces publics de qualité, des parcs (pas des squares), une place publique pour créer une vie sociale dans le quartier.
La densification ne sera acceptée qu’avec des espaces communs, publics de grande qualité, avec un apport de services de proximité, des commerces, des transports publics.
De manière générale, le cadre de vie doit être amélioré et non détruit. Mais force est de constater que le compte n’y est pas pour construire un avenir désirable pour nos concitoyens, le compte n’y est pas pour lutter contre le déclin de la biodiversité, le compte n’y est pas pour préparer Montpellier aux chocs du dérèglement climatique.
Au-delà du fond, je voudrais terminer sur la méthode. Je suis extrêmement choquée du passage en force. Arrêter le PLUi alors qu’il ne correspond pas à l’attente des habitants du territoire n’est pas acceptable.
Je prends 2 exemples.
Sur Sablassou, malgré une enquête de DUP qui s’est déroulée en plein été, les habitant·e·s se sont fortement mobilisés, avec 997 observations. Dans son rapport, le commissaire enquêteur pointe que de très nombreuses personnes et associations se sont opposées au projet de création d’une réserve foncière, avec 95,88% d’avis défavorable.
Sur Malbosc, ce sont 7 363 signatures qui ont été récoltées par le collectif du Coteau de Malbosc pour demander que cette coulée verte soit classée en zone naturelle.
Malgré cette forte mobilisation, M. le Maire-Président vous vous entêtez, vous n’écoutez pas la population.
Nous sommes dans un réel déni démocratique.
Ces terres ne vous appartiennent pas, elles appartiennent à tous les enfants de la métropole de Montpellier, ils doivent être entendus.