Métropole de Montpellier:31 maires votent le PLUi après un débat nourri sur son orientation

ALTER MIDI / 09 OCTOBRE 2024

Jean-Philippe VALLESPIR

Métropole de Montpellier - Vote du PLUi-Climat 8 octobre 2024 ©jpvallespir
Métropole de Montpellier – Vote du PLUi-Climat 8 octobre 2024 ©jpvallespir
La Métropole de Montpellier se développe accueillant chaque année 5 000 à 6 000 personnes sur son territoire. Zones d’activités, équipements et logements dans un souci d’équilibre, c’est la promesse de ce projet dans lequel sont mis en avant les efforts pour limiter la consommation foncière et préserver deux tiers du territoire mais des inquiétudes, et des interrogations demeurent… Et si, dans la métropole de Montpellier l’industrie principale était l’industrie du logement ?

Préservation de l’environnement, gestion des risques climatiques, et qualité de vie sont aujourd’hui des préoccupations centrales pour de nombreux citoyens. Mardi 8 octobre 2024, certains étaient mobilisés dès 8h30, devant l’Hôtel de métropole pour montrer toute leur détermination à « ne pas laisser le monde du béton faire la loi. »

Le PLUI-Climat a été adopté avec 69 voix pour, 12 contre, 7 abstentions. Ce projet veut sanctuariser « deux tiers des espaces agricoles et naturels de la métropole, réduisant l’artificialisation des sols de 53 % », annonce Michaël Delafosse. « Tous les maires des 31 communes votent pour », se réjouit avec force le Président de la Métropole de Montpellier.

« Nous y sommes » lâche Stéphane Champay, le nouveau vice-président à l’aménagement durable de la métropole « notre PLUi climat est un document harmonisé. » De nombreuses prises de paroles ont suivi l’introduction du maire de Le Crès concernant l’affaire n°1 dite : « Élaboration du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi) de Montpellier Méditerranée Métropole – Bilan de la concertation – Arrêt du projet. » L’enthousiasme du remplaçant de Coralie Mantion arrivé le 9 juillet dernier est palpable. Et il use de tous les mots clés pour galvaniser ce projet de PLUi « protecteur et résilient » qui représente une « stratégie inédite pour réduire notre consommation carbone » et qui « annonce la fin de l’urbanisation à la parcelle ».

En revanche, Stéphanie Jannin pointe plusieurs dysfonctionnements et notamment « des points d’incompatibilité avec le schéma de cohérence territoriale (SCoT) ». L’ancienne adjointe à l’urbanisme de Philippe Saurel prévient « cela en fera un document juridique fragile et attaquable ». Elle recommande aux services juridiques de bien l’analyser et d’en informer les maires. « Si ce PLUi ne concernait que Montpellier, je voterais contre ! Par respect pour le travail mené par les maires des communes de notre EPCI sur leur territoire, je m’abstiendrai et j’invite tous les Montpelliérains à découvrir dans ce document ce qui s’est décidé près de chez eux et malheureusement sans eux. »

Castelnau-le-Lez : le showroom de la bétonisation

Inversement pour Manu Reynaud l’un des derniers écologistes encore dans la majorité de Michaël Delafosse. « S’il s’agissait de se prononcer sur la partie montpelliéraine » l’adjoint voterait « sans hésitation pour ce PLUi », mais il s’abstiendra. « Force est de constater que la copie n’est peut-être pas parfaite à l’échelle de la métropole », affirme-t-il. En cause « la ligne rouge de Sablassou ». Le conseiller métropolitain dénonce alors l’historique de la ville : « Avec Jean-Pierre Grand aux manettes, Castelnau-le-Lez est réellement devenu le showroom de la bétonisation. » Avec de graves conséquences comme « l’imperméabilisation de la quasi-totalité » du secteur le long de la voie de tramway, ligne 2. « Pour les écologistes il est impératif que le PLUi-Climat protège les terres fertiles de Sablassou, une bonne fois pour toutes. »

« Monsieur le président, aidez-nous ! »

Julien Miro votera contre ce bilan de la concertation qui est la première étape du PLUi. L’élu d’opposition ne veut pas valider « la stratégie de la municipalité visant à construire plus de logements au bord du Lez et à bétonner toujours plus Sablassou ». Et il lancera un appel à l’aide à Michaël Delafosse : « Monsieur le président, aidez-nous ! Aidez-nous en vue de la seconde phase du PLUi ! Aidez-nous à faire respecter la volonté des habitants ! » Julien Miro a aussi décrit l’avenue de l’Europe en insistant sur « une urbanisation traumatisante, l’heure n’est pas à construire, mais bien à réparer ».

L’amendement Borne qui voulait sauver les terres de Sablassou de ce PLUi a été rejeté, idem pour les 5 amendements de Coralie Mantion. Pour Castelnau, Mathilde Borne, conseillère d’opposition souhaite « l’abandon de l’OAP [ Orientation d’Aménagement et de Programmation] de Sablassou seule décision cohérente si vous voulez être en accord avec les objectifs du PLUi-Climat ». Elle dénonce aussi « l’hypothétique gare de RER » qui voudrait justifier l’urbanisation de ces terres agricoles. Gare qui « ne serait pas réalisée avant 2035 selon la SNCF, sans garantie qu’elle se concrétise ».

« Il n’y a pas d’économie dynamique sur une terre saccagée ! »

Coralie Mantion portera 5 amendements. Le premier sur la modification du zonage du Coteau de Malbosc et le retrait des OAP « Parc Henri Lagattu » et « Quartier Jean Monnet ». Le deuxième sur la modification du zonage de Gimel, Euromédecine II et Cambaceres et retrait des OAP « Gimel », « Euromédecine II » et « Le quartier de Cambaceres ». Le troisième sur la modification du zonage de la Lauze Est et de l’OAP. Le quatrième sur la Modification du zonage d’Ode à la Mer et de l’OAP. Le cinquième sur la modification du zonage de Sablassou et le retrait de l’OAP. Aucun n’aura été retenu. L’ancienne vice-présidente alerte : « il n’y a pas d’économie dynamique sur une terre saccagée ! ».

Face à l’augmentation continue de la population, Coralie Mantion dénonce les projets de construction massifs qui, selon elle, ignorent les impératifs environnementaux, notamment en matière de pollution et de préservation des espaces naturels. « Ce projet ne permet pas de tourner la page de la bétonisation et de la croissance à l’infini. » Mais surtout l’élue martèle : « vous vous comportez en prédateurs des espaces naturels ». Pour Michaël Delafosse ce PLUi-Climat et les OAP « sous contrôle » ont pour objectif de maitriser « un urbanisme de projets » opposé à « un urbanisme à la parcelle ».

Une 32e commune dans la métropole

Même si le Préfet de l’Hérault a salué «  l’adoption par les maires de la Métropole du PLUi-Climat » en précisant que ce document qui est issu d’un travail de partenariat avec les services de l’État « autour des enjeux de moindre consommation des espaces naturels », et que ce travail respecte « le risque ruissellement », des inquiétudes et des interrogations demeurent… Et si, dans la métropole de Montpellier l’industrie principale était l’industrie du logement ?

L’équivalent « d’une 32e commune » va naitre dans le projet « Ode à la mer », alerte Coralie Mantion. « Il y a toujours des extensions urbaines qui sont prévues […] Et ce sont 8 000 logements qui vont être construits, dont 5 000, dans les dix prochaines années, soit environ 14 000 nouveaux habitants. Alors que 28 communes de la métropole sur les 31 font moins de 14 000 habitants et ont été construites en plusieurs siècles. Avec un seul quartier, en seulement 10 ans, vous allez construire la 32e commune de la métropole de Montpellier. »

Autre approche, celle du maire de Lattes Cyril Meunier : « Aujourd’hui, nous avons à peu près 5 000 à 6 000 personnes qui arrivent par an sur notre territoire métropolitain. C’est une chance inouïe, c’est notre chance de développement. » Pour Michaël Delafosse, président de l’EPCI, c’est un peu comme si Alex Larue avait gagné en 2020. Quoique non ! Replay : Le candidat LR promettait en pleine campagne électorale les États généraux de l’immobilier, certainement une mesure dans son programme qui lui a coûté sa tête, en tous cas en interne. Avec ce projet de PLUi dit Climat, Michaël Delafosse lancerait-il les États généreux de l’immobilier ? L’avenir le dira… La Métropole va se développer : zones d’activités, équipements et logements. « Équilibre et exigence » c’est la promesse de ce projet qui se veut « respectueux de l’identité de nos communes et de la ville centre », déclare Michaël Delafosse. Avec une urgence : réussir à être en conformité avec la loi « Climat et résilience » du 22 août 2021 qui a défini un objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) pour 2050.

Un compromis équilibré

Pour l’heure Stéphane Champay semble un homme heureux, avec 28 interventions pour son baptême du feu en tant que vice-président à l’aménagement durable de la métropole. Il a tenu à souligner les efforts pour limiter la consommation foncière et préserver deux tiers du territoire, en réponse aux accusations de « folie bétonnière »« Nous avons réduit fortement la consommation foncière… C’est énorme », a-t-il insisté. Rassurant aussi, il répond à Mathilde Borne sur le secteur des terres de Sablassou, il affirme : « Nous avons pris connaissance bien évidemment de l’avis défavorable du commissaire enquêteur et nous ne passerons pas en force en demandant la DUP (Déclaration d’Utilité Publique) au préfet. » Le Directeur des vignerons d’Occitanie qu’il est assure à ses collègues du conseil de métropole : « c’est un PLUi d’équilibre […] n’ayez crainte […] ayez confiance. Il va évoluer dans le temps, c’est un PLUi agile, c’est une véritable rupture choisie et non subie. »

« La concertation réglementaire s’ouvre »

Après 3 heures de débat, aucun maire n’a voté contre ce projet de PLUi-Climat, donc la Métropole n’est pas contrainte de revoir sa copie. Reste le temps de l’enquête publique qui devrait connaître un succès plus important que les réunions et les concertations étalées sur une période de 2019 à 2024 et qui ont récolté près de 1925 contributions. Des concertations préalables obligatoires parfois plus difficiles à trouver qu’une sélection des meilleurs rooftops à Montpellier, mais qui révèlent que 68 % des participations témoignent d’une certaine inquiétude quant à l’augmentation de la densité dans certaines zones, et redoutent les nuisances environnementales avec une perte de qualité de vie.

Jusqu’au printemps 2025, la richesse de la participation à l’enquête publique, accompagnée peut-être de mobilisations citoyennes, vont offrir une lecture plus approfondie de ce premier PLUi-Climat, en permettant, comme le souhaite Stéphane Champay, de « construire ensemble notre avenir pour le partager demain ».

Michaël Delafosse le confirme : « On entre dans une nouvelle étape […] d’autres personnes vont pouvoir contribuer. Et ce document-là n’est pas totalement figé puisque la concertation réglementaire s’ouvre. » Ensuite, pour l’été, le conseil devrait voter l’adoption de ce Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi) de Montpellier Méditerranée Métropole.