Enquête publique sur l’incinérateur de boues de MAERA : les écologistes contribuent

Aujourd’hui, se termine l’enquête publique sur la création d’une unité de valorisation énergétique des boues (UVEB) sur le site de la station de traitement des eaux usées Maera sur le territoire de la commune de Lattes.

Si la valorisation des boues peut paraitre à première vue, vertueuse, la demande d’autorisation environnementale pose question sur l’impact environnemental et sanitaire d’une telle structure.

En effet, il est indiqué que les températures de l’incinérateur des boues sont insuffisantes pour obtenir la dégradation totale des PFAS. Le transfert des PFAS dans l’atmosphère n’est donc pas maitrisé.

Or, de nombreuses études scientifiques ont associé l’exposition à PFAS à des effets néfastes graves sur la santé : des cancers, des effets néfastes sur les systèmes reproductif et hormonal (certains sont des perturbateurs endocriniens) ainsi que sur le système immunitaire (y compris une diminution de la réponse immunitaire vaccinale) ont été rapportés.

Les risques sanitaires pour la population ne sont pas négligeables quand on regarde l’inventaire des substances émises dans l’atmosphère :

Ammoniac (NH3), Amines, Monoxyde de carbone (CO), Poussières (PM10), Dioxyde de soufre (SO2),Fluorure d’Hydrogène (HF), Chlorure d’Hydrogène (HCl), Mercure (Hg), Arsenic, Cadmium, Cobalt, Chrome, Cuivre, Manganèse, Nickel, Plomb, Antimoine, Thallium, Vanadium, Dioxines et Furannes, Oxydes d’azote (NOx), Dihydrogénosulfure (H2S)

Une population nombreuse et fragile, puisqu’on peut noter, que dans le domaine théorique d’influence du site, il est observé un total de 82 écoles accueillant des enfants de moins de 7 ans (dont la plus proche est à 940m), 10 établissements accueillant des personnes âgées (dont la plus proche est à 670m), 1 hôpital dans le périmètre d’étude à l’ouest du site à environ 3,5 kilomètres du site.
Or, les enfants de moins de 7 ans, les personnes fragiles du point de vue de la santé (personnes hospitalisées, personnes âgées) sont considérées comme les catégories de populations les plus sensibles.
Au sein de l’aire d’étude, on distingue également des zones habitées et donc des populations qui seront exposées sur de longues durées, plus de 30 ans.

Les émissions atmosphériques d’une telle installation industrielle sont à l’origine d’une contamination de l’air, des sols, (en particulier pour les polluants bioaccumulables), des végétaux (transferts sol / plante et dépôts sur les parties aériennes des végétaux), des produits animaux (viande, œufs, lait) et donc d’une inhalation directe de l’air, (exposition aux concentrations atmosphériques), ingestion directe de sol (en particulier chez les enfants (jeux à l’extérieur, …), ingestion indirecte via les légumes et les fruits, les produits animaux (viande, lait, œufs, …).

Le vent, la turbulence de l’atmosphère, va diffuser et disperser des polluants atmosphériques tels que les métaux, les dioxines et furanes, l’acide chlorhydrique, les poussières, les oxydes d’azote et l’acide fluorhydrique. Ces polluants spécifiques et propres aux émissions du site présenteront un impact pour la santé des riverains exposés. En particulier, le quartier de Port Ariane, au sud du site (500m), où il y a la plus forte densité de population de la commune de Lattes.

Il est évidemment indiqué que les émissions prévues et attribuables au site permettent de respecter les critères d’acceptabilité du risque. Néanmoins, l’évaluation des risques sanitaires s’accompagne nécessairement d’une part d’incertitudes qui proviennent de lacunes ou d’imprécisions des données et de l’obligation de fixer des hypothèses.

De plus, l’étude ne prend pas en compte le projet de création d’un autre incinérateur à Ametyst.
Or, cette autre source de pollution est à seulement 3km du site de Maera. Il est inenvisageable de continuer ce projet sans évaluer les effets cumulés des deux incinérateurs : de la pollution de l’air, du trafic de camion, des risques sanitaires sur la population.

Cette absence d’étude de zone est justifiée par une prise en charge des coûts qui devrait être partagés entre ces différents contributeurs. Or, c’est bien la Métropole de Montpellier qui pilote ces deux projets. Et cet argument n’est pas suffisant au vu des risques pour la population et la biodiversité.

Par principe de précaution et sans étude d’impact prenant en compte les deux incinérateurs (boues et CSR), les élus écologistes donnent un avis défavorable à ce projet de « valorisation » des boues de Maera.