A Montpellier, ça chauffe entre socialistes et écologistes

Libération du 7 avril 2024

Deux vice-présidents écologistes de la métropole présidée par le socialiste Michaël Delafosse ont claqué la porte la semaine dernière, dénonçant un projet de chaudière, le bétonnage de l’agglomération ou encore la gouvernance du maire.

Michaël Delafosse, maire socialiste de Montpellier et le conseiller régional socialiste Christian Assaf (au second plan), lors de conférences organisées par le mouvement Refondations, le 3 juin 2023. (David Richard/Libération)

«Rien ne va plus avec le socialiste Michaël Delafosse.» Ce tweet de Coralie Mantion, vice-présidente écologiste de la métropole de Montpellier, le 3 avril, signe la fin de son alliance avec le maire et président de la collectivité. «Nous avons acté notre sortie de la majorité, parce qu’il y a rupture du contrat», martèle celle qui fut tête de liste Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) lors des municipales de 2020 avant de s’allier au futur maire, le socialiste Michaël Delafosse, au second tour. C’est un tout récent projet d’incinérateur qui a déclenché le feu qui couvait depuis quelque temps : une chaudière CSR (pour «combustibles solides de récupération») «très coûteuse», selon l’écolo, dont «l’impact sanitaire» n’a pas été évalué et jugée «antinomique avec la politique “zéro déchet” votée à l’unanimité en 2022 parce qu’elle exige plus de cent mille tonnes de déchets pour obtenir 45 000 tonnes de CSR à haut pouvoir calorifique». Coralie Mantion a donc décidé, avec François Vasquez, jusqu’ici vice-président écologiste délégué à la gestion des déchets, de quitter l’exécutif métropolitain.

Chargée de «l’aménagement durable», l’écologiste exprime également son désaccord avec les orientations du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) qui doit être voté avant l’été. «Il est prévu d’urbaniser des espaces naturels et agricoles que nous nous étions engagés à préserver en construisant la ville sur la ville», regrette-t-elle, rappelant l’urgence de la transition alors que la sécheresse persiste dans l’Hérault. Localement, sa formation dénonce «le bétonnage de la ceinture verte de Montpellier», «le non-respect des accords passés aux municipales» et «une gouvernance non respectueuse des partenaires politiques et des personnes».

«Un habillage politique»

Ces départs, «c’est un souci, mais il n’y a pas de rupture avec l’exécutif», minimise le socialiste Christian Assaf, vice-président de la métropole de Montpellier, très proche de Michaël Delafosse (absent ces derniers jours en raison du décès de son père). Pour l’ex-député, «la majorité de gauche plurielle» en place à Montpellier reste composée de socialistes, de communistes, de radicaux de gauche mais aussi… d’écologistes. Car les Verts restent divisés. Quelques-uns d’entre eux – dont un nouveau vice-président qui vient d’être nommé, deux adjoints au maire… – ont choisi de rester dans les exécutifs de Delafosse.

Sur le fond, Assaf défend le projet de chaudière CSR, «pas incompatible avec la politique zéro déchet» et jugé indispensable pour traiter les déchets résiduels «qui sont exportés à des prix de plus en plus élevés». Quant au PLUI, dont Coralie Mantion pilotait l’élaboration, le socialiste assure que, dans un contexte de croissance démographique continue, les objectifs de non-bétonnage demandés seront tenus. Il estime aussi que les désaccords avec l’écologiste, qui se sont pourtant accumulés au fil du temps, sont «un habillage politique de son départ précipité» avec 2026 en préparation. A voir comment les écolos montpelliérains se comporteront avec leurs élus restés dans la majorité. «Une situation transitoire», temporise Jean-Louis Roumégas, ex-député et porte-parole local. Le climat se réchauffe à gauche en vue de la campagne des municipales.