Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de la Métropole de Montpellier,
Le choix d’orientation de la filière CSR qui sera présenté au conseil de Métropole le 2 avril prochain recèle de graves dangers pour la santé des citoyens sur l’ensemble du territoire métropolitain et même au-delà.
A une semaine du vote, aucune information n’a été délivrée sur un temps soi-disant dévolu au débat et à l’information.
Il est absolument nécessaire de mettre l’accent sur le caractère délétère des conséquences de cette filière sur les populations du bassin de vie.
L’issue de nos réunions publiques révèle la vive inquiétude de la population au sujet des conséquences sur la santé des rejets atmosphériques d’une structure industrielle de cette importance.
Le projet d’incinérateur de déchets qui est préparé par les services de la Métropole a toutes les caractéristiques d’un projet dangereux pour les générations futures.
Même très encadrée, l’incinération émet des polluants dans l’eau, l’air, et les déchets ultimes qu’il faudra ensuite enfouir.
Parmi les polluants retrouvés dans les fumées, les dioxines et furanes sont les plus documentés pour leurs effets cancérigènes : il s’agit de polluants organiques persistant (POP).
Sont aussi présents des perturbateurs endocriniens et des métaux lourds (mercure, plomb et arsenic) ; de même, les PFAS (dits polluants éternels) se retrouvent de plus en plus souvent dans l’air, l’eau et dans les sols.
Il faut ajouter aux fumées émises, les divers rejets gazeux, les lixiviats polluants, les mâchefers, les résidus d’épuration des fumées…
Les produits de consommation courante changent en permanence de composition : de nouveaux polluants émergent et se retrouvent dans nos déchets dont nous ignorons les effets de leur combustion. Par exemple, le silicone n’existait pas dans les déchets ménagers dans les années 70/80, et il se retrouve maintenant dans plus de 700 produits de consommation courante.
Par ailleurs, le Professeur Charles Sultan, expert en santé environnementale, Président du Conseil scientifique de l’ONG Générations futures, alerte sur les conséquences sanitaires de ce projet d’incinérateur de déchets. Il rappelle que l’OMS précise que les polluants que l’on retrouve dans les panaches de fumées « peuvent provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers » : hausse de la mortalité, maladies du système respiratoire, cardiovasculaires et cérébrovasculaires, complication des grossesses, malformations génétiques et congénitales, maladies métaboliques et immunologiques.
Au niveau international, il a été prouvé que l’association de ces substances dépassait les doses de nocivité : les polluants atmosphériques vont réagir avec ceux qui sont déjà dans l’air.
Au niveau national, les chercheurs ont démontré qu’il n’était plus possible de négliger l’exposome : le cumul des expositions environnementales auxquelles nous sommes soumis tout au long de notre vie, notamment via l’air que nous respirons…
Ce n’est pas la dose qui fait le poison : même infimes, ces substances sont dangereuses par accumulation. Émises sous l’effet de la combustion, ces polluants sont classés cancérogènes pour l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer.
Une fois le choix d’orientation des CSR voté, le train sera lancé et nous ne pourrons plus l’arrêter.
Nous signons pour 20 ans minimum d’engagement de 3M vers des conséquences financières et sanitaires funestes absolument pas évaluées.
Pourquoi cet acharnement à produire toujours plus de déchets, contribuant à nourrir un monstre industriel ? Pourquoi brûler au lieu de réduire drastiquement ? 100 millions d’euros dilapidés rien que pour sa construction au lieu d’investir dans la prévention, le tri citoyen, la création d’emplois…
Pourquoi contrevenir autant à l’Histoire et à l’avenir de notre Ville ?
Le passé nous oblige par 800 ans d’histoire de la médecine à Montpellier.
Le présent nous engage avec l’ambition de MedVallée, pôle mondial d’excellence en santé globale.
Dans l’avenir, quelle qualité de l’air va-t-on respirer, dans cette métropole pourtant promise aux transports en commun et aux vélos ?
La réalisation de ces dommages graves et irréversibles n’est pas incertaine en l’état des connaissances scientifiques. En application de l’article 5 de la Charte constitutionnelle de 2005, les autorités publiques doivent alors veiller, par application du principe de précaution à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation de ces dangers.
La responsabilité des élus sera à l’avenir clairement engagée, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.
Nous déplorons l’absence d’informations chiffrées, documentées, et de débat nécessaire avec les citoyens.
Nous demandons au Président de la Métropole le report de la décision d’orientation sur la DSP d’Ametyst car les conséquences sanitaires n’ont pas été éclaircies.
Nous demandons également au Préfet de décaler la DSP : l’urgence n’est pas à son renouvellement mais bien d’assurer la santé publique des décennies à venir et un débat démocratique, éclairé et serein, garant de l’ordre public.
Nous nous permettons de joindre à notre courrier un document signé de 127 médecins, adressé au
Préfet de Haute Loire, afin d’alerter sur les dangers d’un projet de chaudière CSR jugé « dangereux
» sur Polignac.
Nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à notre courrier et soyez assuré Monsieur le
Préfet, Monsieur le Président de la Métropole de Montpellier, de notre entière disposition. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet de l’Hérault, nos très respectueuses salutations.