La Marseillaise du 22 mars 2024
La délégation de service public d’Ametyst sera soumise au vote de la Métropole le 2 avril.
À Montpellier, la filière CSR voulue par le PS et le PCF mais rejetée par les Verts
La délégation de service public d’Ametyst sera soumise au vote de la Métropole le 2 avril.
Près de 20 ans après la méthanisation qui fut un fiasco, Montpellier va-t-elle s’engager dans la filière CSR souhaitée par les socialistes et les communistes mais combattue par les Verts ? Le 2 avril, ce sera aux élus de la Métropole Montpellier Méditerranée de trancher au moment de voter la délégation de service public (DSP) de l’usine Ametyst.
En attendant, les élus s’informent sur un sujet complexe et méconnu, trop longtemps mis sous le tapis. Depuis le 1er mars, une mission d’informations tente de répondre à leurs nombreux doutes ou inquiétudes. La première audition a montré que le constat de l’urgence est partagé. «Depuis la fermeture de la décharge de Castries (fin 2019), nous sommes dans une impasse dangereuse», a alerté le président de la Métropole Michaël Delafosse (PS). Sans solution de traitement, la Métropole de Montpellier exporte, via 4 500 poids lourds, quelque 110 000 tonnes de déchets (qui pourraient être réduites à 55 000) pour un surcoût de 19 à 27 millions d’euros annuels.
Dès 2021, une stratégie «zéro déchets» avait pourtant été votée à l’unanimité. Mais le vice-président François Vasquez (EELV), qui vient de perdre sa délégation pour ses propos jugés «outranciers» par Michaël Delafosse contre l’option CSR, a le sentiment d’avoir été «trahi» pour ne pas avoir reçu les moyens nécessaires à la mise en place d’un tri sélectif efficace. «On a une dizaine d’écomessagers du tri non formés. Il faudrait un escadron!», déplorait Célia Serrano (EELV) le 12 mars lors du débat co-animé par La Marseillaise à la Carmagnole.
« Catastrophe sanitaire ? »
Ce soir-là, PS et EELV ont acté la fracture autour de la filière CSR. Pour François Vasquez cette «chaudière à plastique» n’est adaptée qu’au «business des industriels». Et l’élu EELV de prédire une «catastrophe sanitaire» due au rejet de «fumées toxiques» à 3,5 km de la place de la Comédie. «Des pneus, des plastiques, PVC et produits chimiques seront brûlés», assure-t-il ne croyant pas les «paroles d’évangiles» des industriels qui affirment le contraire aux élus. De son côté, Christian Assaf s’inscrit en faux contre le «Didier Raoult de l’écologie», accusant son contradicteur de «nourrir la peur des gens». Pour le socialiste, cette usine CSR estimée au bas mot à 90 millions d’euros* «ne polluera pas plus qu’une chaufferie bois». Dans la majorité de Michaël Delafosse, on estime que la seule stratégie zéro déchet a montré ses limites mais doit être poursuivie avec le CSR sans être «antinomique» comme l’affirme EELV. «Une politique zéro déchet dans une métropole sans outil ni exutoire, ça n’existe pas. Nulle part où ils sont aux affaires, les Verts n’ont fait fermer d’usines!», note Christian Assaf.
Réunis le 19 mars, les communistes ont acté leur soutien au projet CSR. «En ces temps d’inflation, si on a la possibilité de produire de l’énergie [pour alimenter le réseau de chaleur, Ndlr] à coût réduit tout en gérant une partie des déchets, c’est positif», estime Hervé Martin. S’il veut améliorer la politique de tri et poursuivre le recyclage de «tout ce qui peut l’être», le président du groupe PCF souhaite des garanties et mettre chacun devant ses responsabilités. «À terme, il faudra une régie publique. En attendant, c’est à l’industriel de porter le risque». Au bout de la chaîne, Hervé Martin imagine une «torche à plasma» pour les déchets inertes. «On ne veut plus de déchetterie.» D’ici là, l’élu PCF déplore la hausse imminente (environ 14,62%) de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Teom). «On paye les choix dogmatiques des Verts qui nous ont emmenés dans le mur il y a 20 ans en refusant l’incinérateur et en imposant la méthanisation.» Hervé Martin dénonce leur «idéologie libérale». «Les Verts ne s’attaquent jamais aux emballages des industriels, il faut arrêter de culpabiliser les gens sur le tri.» Au-delà de l’enjeu public, la question des déchets va laisser des traces au sein de la majorité de Michaël Delafosse.