Vives inquiétudes autour du projet d’urbanisation du Coteau de Malbosc, au nord de Montpellier

Midi Libre du 1 mars 2024

https://www.midilibre.fr/2024/02/29/coteau-de-malbosc-a-montpellier-4-600-petitionnaires-contre-lurbanisation-du-site-11792967.php

Un collectif, créé pour la défense du site, évoque « une fuite en avant » pas inéluctable. Mais si le projet prévu dans le cadre du futur Plan local d’urbanisme intercommunal voit le jour, ce sont quelque mille logements supplémentaires qui sortiront de terre.

Douze ans. Voilà douze années que des riverains du quartier de Malbosc s’inquiètent de la disparition de l’un des derniers poumons verts montpelliérains. Soit le site dénommé le coteau de Malbosc. Une zone de quelque vingt-six hectares, qui permet de se rappeler ce à quoi ressemblaient les faubourgs de la préfecture héraultaise il y a encore une trentaine d’années.

Un projet vieux de douze ans

Las, depuis 2011 donc, les municipalités successives lorgnent sur ce terrain vierge pour y bâtir une zone d’activités (commerces et logements). Il y a d’abord eu un projet esquissé sous la mandature d’Hélène Mandroux (1). Puis sous celle de son successeur Philippe Saurel Lequel prévoyait, notamment, la création d’une ferme fonctionnant sous le mode de la permaculture (2).

Avec l’arrivée de Michaël Delafosse aux affaires, le dessein s’est affiné mais aussi quelque peu accéléré.  « Après, cela ne veut pas dire que c’est automatiquement réalisé », tempère  Pierre Deltour, membre du comité d’animation du Collectif coteau de Malbosc. Pour autant, il avoue son inquiétude :  » Pour cela, il faut monter un dossier et c’est ce qu’est en train de faire la Ville dans le cadre de la révision du Plan local d’urbanisme intercommunal (Pluic qui doit être annoncé au mois de juin, NDLR). Dans ce cadre-là, nous demandons que ce secteur reste naturel. Car c’est le dernier de tous les quartiers nord de Montpellier. Lors de la crise sanitaire, les habitants se sont réapproprié ce lieu ».

Si le coteau venait à disparaître, cela n’affecterait pas uniquement les habitants du quartier éponyme, mais aussi les citadins des secteurs alentour tels ceux du Père-Soulas, d’Alco, du Château-d’O, des Hauts-de-Massane et de Louis-Ravas. Sur le secteur du coteau, il est question de voir s’édifier un millier de logements, « soit environ deux mille véhicules supplémentaires », prédit Pierre Deltour.

À ce projet, annoncé comme un futur écoquartier, viennent s’ajouter également ceux de la deuxième tranche d’Euromédecine, de la zone d’activités de Gimel à Grabels, commune quasi-limitrophe et d‘autres opérations prévues dans le secteur de La Croix-Lavit Sud et de La Carriérasse.

Bétonner le coteau induit, pour le collectif, une imperméabilisation des sols. Avec, comme corollaire, un risque accru de ruissellement et d’inondation qui pèserait particulièrement sur les avenues Louis Ravas et du Père Soulas

Les jeux ne sont pas faits !

« Mais les jeux ne sont pas faits ! Car il faut prendre en compte la loi climat résilience voté l’été dernier et la notion de zéro artificialisation nette (Zan) et la baisse de cinquante pour cent de l’artificialisation des sols entre 2021 et 2031. Ne pas urbaniser ce coteau, cela contribuerait au respect de la loi », objecte Pierre Deltour.
Et de rappeler que la Société d’équipement de la région de Montpellier (Serm), le bras “armé” de la municipalité a déjà racheté, « pour 1, 5 M€ », un domaine sur le secteur concerné.

« La seule concession de Michaël Delafosse par rapport au projet de son prédécesseur Philippe Saurel a été d’élargir un corridor écologique (sic) passant de cinquante à cent mètres de large et situé au-dessus du lycée Jean-Monnet », rappelle Pierre Deltour.

Un projet du passé

La messe n’est donc pas encore totalement dite.Et les porte-paroles du collectif espèrent toujours « convaincre le président de la Métropole que le projet d’urbaniser le coteau de Malbosc est un projet du passé, projet non voulu par des milliers de riverains et en contradiction avec ses engagements en faveur du bien vivre dans une ville adaptée aux enjeux du dérèglement climatique et du déclin de la biodiversité ».
 

Le plan du secteur sur lequel se trouve le coteau convoité
Le plan du secteur sur lequel se trouve le coteau convoité Pablo Patarin – Pablo Patarin
« Si le futur plan local d’urbanisme est adopté, la zone sera constructible »

Puis de poursuivre : « Si le futur plan local d’urbanisme est adopté, la zone sera constructible. Et comme le dossier de la Zac est prêt, il est vraisemblable que les travaux débuteront en 2025. Après, cela dépend de la volonté de la mairie ».

Pour la Ville, « il est encore trop tôt »

« Nous avons interpellé poliment Michaël Delafosse à l’occasion de plusieurs réunions publiques, dont celle présentant le Plui à l’hôtel de ville en juin dernier et nous avons également rencontré Madame Faye (l’actuelle adjointe à l’urbanisme, NDLR).  Ils ont fait preuve d’une extrême fermeté en ressortant les arguments habituels : le manque de logements et le rééquilibrage du nord de Montpellier », raconte Pierre Deltour.

Dont le collectif dans lequel il est membre a, une nouvelle fois, envoyé un courrier au premier magistrat montpelliérain le 22 janvier.

Du côté de la mairie justement, la communication sur ce projet se fait, pour l’heure, a minima.
 » Nous sommes toujours en train de travailler sur ce sujet et le Plui qui arrive à la fin du printemps. Donc, pour l’instant, c’est un peu tôt pour aller plus loin », indique la Ville.

Lors de la séance du conseil municipal du 6 février enfin, l’élue écologiste Coralie Mantion a , elle aussi, fait part de sa crainte de voir le site bétonné. Appelant ses collègues à préserver « cette pépite »

Sachant, enfin, qu’avant que les premiers engins de chantier n’arrivent sur site, il y aura une enquête administrative  puis publique, la nomination d’un commissaire enquêteur. Au final,  » soit le projet sera modifié, soit il sera adopté », objecte Pierre Deltour.

C’est donc bien pour remettre en cause ledit projet que le collectif a lancé, il y a plusieurs mois de cela, deux pétitions (papier et en ligne). Lesquelles ont, à ce jour, collationné plus de 5800 signatures. 

« Samedi dernier, le collectif a organisé une nouvelle action d’information à Malbosc. Nous y avons recueilli 96 nouvelles signatures », se réjouit Pierre Deltour.

Pour l’élue municipale (Les Écologistes) Coralie Mantion « il est vital d’arrêter l’expansion de Montpellier qui a crû ces dernières années de manière déraisonnable ». C’est ce qu’elle a répété lors du dernier conseil, le 6 février dernier lors de la délibération sur l’achat de foncier par la Serm.

Pour l’intéressée, le renoncement est encore possible : « Soyons raisonnables, et sanctuarisons cette zone […] Sauvons ce lieu unique et remarquable de par sa biodiversité et ses panoramas ».