François Vasquez : « Ce qu’il se passe est grave, la filière CSR ne doit pas passer »

Actu.fr du 28 février 2024

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Demis de ses délégations par Michaël Delafosse, François Vasquez, élu écologiste qui portait la stratégie Zéro déchet, explique ce qui a conduit à cette situation.

Si ces délégations lui ont été retirées, François Vasquez entend poursuivre son combat.
Si ces délégations lui ont été retirées, François Vasquez entend poursuivre son combat. (©CN / Métropolitain (Archives))

Après son interview dans Midi Libre dimanche qui a conduit Michaël Delafosse à lui retirer ses délégations, François Vasquez réagit avec la force et la détermination d’une personne trahie. Avec l’espoir de conduire sa stratégie Zéro déchet pour la Métropole de Montpellier, le militant écologiste exprime aujourd’hui sa colère après quatre années de désillusion jusqu’à l’émergence de la possibilité d’une filière CSR. Un énième affront qu’il n’a pu laisser passer et sur lequel il souhaite « expliquer le fond du sujet » avec toute la franchise qui est la sienne. « Que ceux qui croient que François Vasquez est mort parce qu’on lui a enlevé sa délégation peuvent arrêter de rêver », prévient-il dans un entretien sans concession.

Quelle est votre réaction après le retrait de vos délégations ?

Naturellement, ce n’est pas une surprise étant donné que mon rôle était purement décoratif. Quand on reprend les engagements de mandat, j’avais une carte blanche sur la stratégie Zéro déchet que j’avais travaillé spécifiquement pour la Métropole de Montpellier. J’ai commencé à me battre contre Ametyst en 2005, l’usine est sortie en 2008 et on a vu que c’était une catastrophe dès 2010 mais on l’a quand même relancée en 2014. Ces solutions industrielles ne marchent pas, nous coûtent des centaines de millions d’euros, polluent et créent des problèmes environnementaux et sanitaires. Quand j’arrive au bout de ce long processus, je comprend que quand on vient pour prendre une vice-présidence, c’est que vous amenez une solution alternative.

Avec cette fois la volonté de mener le combat de l’intérieur ?

J’ai été porte-parole de douze associations de protection de l’environnement donc j’ai une connaissance des sujets et du tissu associatif dans lequel il y a d’ailleurs de grandes compétences. Il ne faut pas postuler que les gens compétents, intelligents et structurés ne se situeraient que dans les services des métropoles. Quand j’ai travaillé sur la méthanisation et les solutions alternatives, je l’ai fait avec des gens très sérieux et j’ai ensuite développé cette stratégie Zéro déchet pour la Métropole de Montpellier avec tous les éléments de prévention, de déploiement, de lignes de force… tout un programme de cent mesures que j’ai d’ailleurs fait voter en mars 2022. Mais attention, ces cent mesures ne sont pas toutes équivalentes. Il y a des axes principaux, prioritaires, avec des mesures à prendre en début de mandat, d’autres en milieu et certaines en fin. Il fallait par exemple se mettre très tôt à donner tous les outils et la communication pour sortir les biodéchets, à sortir les déchets de l’activité économique qui nous coûtent 8M€ et d’ailleurs que la loi nous interdit de collecter. Sur ce dernier point nous sommes hors la loi et nous continuons de collecter quelque chose qui nous coûte 8M€. C’est totalement aberrant. Il y avait des mesures importantes à prendre en début de mandat pour détourner des flux et donc tomber du tonnage. Mes mesures sont chiffrées, évaluées et je peux vous assurer que quand vous avez des projets comme les filières CSR qui sont proposés par les industriels, ils ne sont pas plus sérieux que la stratégie Zéro déchet. C’est de l’enfumage.

La filière CSR est d’autant plus l’inverse de la réduction des déchets à la base que vous prônez ?

Exactement. Et c’est pour ça que je dis que si depuis le début du mandat, ils n’ont pas mis en place la stratégie Zéro déchet, ce n’est pas un hasard. C’est spécifiquement parce que si nous avions tombé 30 000 tonnes de déchets au moment où je vous parle, ce qui était l’ambition de ma stratégie, cela rendait obsolète et impossible l’idée même d’une filière à plastique. Pour avoir une chaudière à plastique et pouvoir brûler 45 000 tonnes dans un  four à plastique, il faut 100 000 tonnes de refus, donc à partir du moment où vous descendez à 70 000 tonnes de refus, la chaudière à plastique n’est plus pertinente, vous n’avez plus assez pour la nourrir. C’est pour ça que je dis que c’est une préméditation. On n’a volontairement pas mis en place la stratégie qui était un engagement de mandat à l’origine et qui a été un vote à l’unanimité en mars 2022 au conseil de Métropole. Ce que l’on est en train de faire, dans ce pseudo débat qui s’ouvre et dont on veut visiblement m’exclure, c’est sortir un projet d’une usine d’incinération de plastique, une filière CSR, un vieux projet de 25 ans dont personne ne veut. Il faut rappeler que j’étais le seul élu fléché avant l’élection. On savait que si on votait pour Michaël Delafosse, on aurait François Vasquez en tant que vice-président des déchets pour mettre en place la stratégie Zéro déchet. C’est énorme quand on y réfléchit car tous les autres élus auraient pu être à des délégations différentes d’aujourd’hui mais moi, j’étais fléché parce que justement je venais avec une solution pour la métropole qui est à forte teneur écologiste. En affichant François Vasquez sur une stratégie Zéro déchet, on a attiré mais on a aussi trahi, on a menti aux Montpelliéraines et Montpelliérains. Je n’étais pas caché ou un des éléments de la liste, j’étais le futur vice-président en charge des déchets. Le deuxième problème est qu’en mars 2022, on fait voter ma stratégie, que j’ai fait écrire par les services, et elle est votée à l’unanimité. Après tout ça, en 2024, on sort une chaudière à plastique qui est totalement antinomique avec la stratégie Zéro déchet. Ceux qui disent que l’on peut tenir de front les deux sont des menteurs, des manipulateurs ou des idiots. Soit ils ne savent pas et ils parlent, soit ils manipulent. Quand vous choisissez une filière CSR, vous allez au sud, quand vous faites la stratégie Zéro déchet vous partez au nord et les deux chemins ne se rejoignent pas.Vidéos : en ce moment sur Actu

Après Ametyst, j’imagine que vous avez une fois de plus le sentiment de ne pas être entendu ?

Quand j’ai dénoncé le compost issu du Traitement Mécano Biologique (TMB), tout le monde me disait que je ne comprenais pas. Je savais que l’on ferait un compost pollué et que l’on allait être rattrapé par la réglementation, que cette usine allait nous dissuader du tri et que l’on se retrouverait avec les mêmes quantités de tonnage d’autant qu’elle était surdimensionnée. Tout ce que j’ai dit c’est vérifié. Et maintenant, on ressort la même chose sur la filière CSR. Je souffre du syndrome de Cassandre. Je commence à en avoir marre. J’annonce des choses qui se produisent, je me fais élire pour éviter qu’on renouvelle les mêmes erreurs et on recommence… C’est pour ça que je nomme les personnes qui prennent ces décisions car je me dis que ce n’est pas possible, ils ne sont pas sérieux. Et en plus il y a un déni de démocratie. Comment peut-on dire que l’on a pris Vasquez, que l’on s’est fait élire car il portait une stratégie Zéro déchet, qu’en 2022 on a confirmé cela par un vote à l’unanimité et qu’en 2024, on fait passer le contraire, et quand je dis que l’on est en train de trahir tout le monde alors on dit qu’il faut virer Vasquez en évoquant un problème de rupture de confiance… C’est presque comique. Comment ne peut-on pas se rendre compte que l’on est en train de trahir tout ce qui était annoncé au moment de la campagne. C’est quand même extraordinaire ! On a une majorité qui est en train de cocher comme une liste de course les engagements de campagne quand il s’agit de refaire un trottoir ou planter huit arbres en diagonale mais quand il s’agit de faire une stratégie structurelle sur quinze à vingt ans qui coûte des centaines de millions d’euros, qui engagent sur l’économie, l’environnement et la santé et qui va faire brûler en ville 45 000 tonnes de plastique, là on ne coche pas la case des engagements de campagne. Et quand le vice-président dit qu’il y a un problème, on dit rupture de confiance et on le sort car on n’a pas envie de l’entendre.

Pourquoi Michaël Delafosse a-t-il voulu vous écarter maintenant ?

Si Michaël Delafosse me fait sortir par ce petit message lapidaire, c’est parce qu’il a peur. Il a donné un mois de débat sur la pertinence d’une filière CSR. Il a peur de m’avoir face à lui, il n’y a pas d’autres explications. Il a beau être entouré de son directeur général des services Olivier Nys qui, le pauvre, n’aurait pas le droit de répondre à cause de son devoir de réserve mais si on peut donner un droit de réponse à un DGS dans la presse, je lui donne le droit de répondre sur moi et si il veut, que l’on ait un débat public. Il peut dire ce qu’il veut sur moi car cet homme a fait de la politique depuis le début. Que l’on ne vienne pas m’amuser après. Il fait ma politique, Michaël Delafosse le laisse faire et je dis ce qui est factuel. D’ailleurs je ne prends aucun plaisir à dénoncer tout cela. Le rôle d’Olivier Nys est d’être directeur général des services et le président en a fait son vice-président aux déchets. Au début du mandat, il m’a laissé un an sans directeur, sans un seul poste à pourvoir alors que j’en demandais trente en arrivant car personne auparavant n’avait rien compris à la gestion des déchets. Il s’agissait d’une délégation pour la propreté qui n’avait aucune connaissance sur la prévention, le tri, les structures industrielles et la pertinence d’une stratégie, quatre branches qu’il fallait développer dans un premier temps avec des moyens humains. Quand j’ai été élu vice-président, je pensais que j’allais pouvoir appliquer la stratégie mais non, car Michaël Delafosse a laissé cette stratégie aux mains du DGS. Peut-être que cet homme est très compétent pour gérer une administration mais au niveau de l’écologie et des déchets, il n’y connaît absolument rien. L’arnaque s’est nouée car il y avait toujours dans les cartons des projets industriels. Les industriels savaient très bien que le TMB compost comme Ametyst était mort et donc ils avaient prévu le TMB CSR. Mais ça, moi aussi je le savais car je l’ai dénoncé en 2017 par un courrier aux élus Corses qu’on allait leur proposer cela. Donc je savais qu’on allait nous le proposer à nous aussi et qu’il y avait ce projet dans les cartons, mais je ne pensais pas que le président allait me trahir à ce point. Je voyais bien que la stratégie Zéro déchet ne se déployait pas mais je me disais qu’il était happé par la gratuité des transports ou la capitale européenne de la culture et donc qu’il laisse la main à son DGS, mais qu’à un moment, j’allais la reprendre…

Vous aviez donc conscience qu’il y avait peut-être des priorités politiques qui n’étaient pas les priorités écologiques ?

C’est évident que la priorité, que je pense électoraliste, des transports gratuits était bien devant la stratégie Zéro déchet. Sauf que ce qui impactera le plus la Métropole au niveau économique, environnementale et sanitaire, c’est la stratégie Zéro déchet. En début de mandat, j’avais annoncé que le choc des déchets serait supérieur au choc des énergies qui lui diminuerait en impact quand celui des déchets augmenterait de façon exponentielle. Et au dernier conseil, Renaud Calvat, premier vice-président chargé des finances, est surpris que la crise énergétique se tasse mais que par contre le coût des déchets augmente de façon exponentielle. Moi, le vice-président aux déchets, je l’ai dit deux ans avant et lui, il tombe des nues alors qu’il gère le budget. Ce n’est pas sérieux ! En plus l’énergétique est un leurre qui veut faire croire que la vieille filière CSR, qui consiste à brûler du plastique pour faire de l’énergie, pourrait être pertinente. En plus, avec la montée du gaz russe et de la guerre en Ukraine, une fenêtre de tir s’est ouverte pour les lobbies industriels qui sont revenus à la charge afin de caser leur business. Et je vous le dis, dans deux ans, plus personne n’aura l’idée de signer une filière CSR donc ils veulent les fourguer cette année et il va falloir des pigeons, on y est… On a fait la plus grande usine d’Europe de Traitement Mécano Biologique en disant que tout le monde allait en vouloir. À part,Angers Métropole, deux ans après nous avec le même constructeur et qui l’ont fermé deux ans après son ouverture dans un procès retentissant, personne ne nous a suivi… Nous, nous n’avons même été foutu de monter un contrat qui nous protégeait, ce qui a fait que nous avons bu le calice jusqu’à la lie avec l’exploitant et le constructeur.

Que fallait-il faire avec Ametyst selon vous ?

Avec la délibération reportée, nous pouvions dire que nous arrêtions le Traitement Mécano Biologique qui ne marche pas et surtout ne pas se lancer dans une filière de plastique et de chaudières qui va coûter une fortune. Il fallait faire d’Ametyst une usine seulement de méthanisation et de compostage de biodéchets triés à la source. C’était la solution industrielle qu’il fallait garder. Mais il ne fallait pas continuer avec le Traitement Mécano Biologique, c’est à dire la poubelle grise, car cela dissuade du tri et pourri complètement la sélection des biodéchets. Pour bien comprendre, vous triez vos biodéchets et vous laissez deux bouts de plastique en travers, quand cela arrive à Ametyst, il y a deux bouches, la grise et celle pour les biodéchets, dès qu’il y aura deux bouts de plastiques, tous les biodéchets partiront dans la grise. Les industriels ont tout intérêt à faire tourner sur le plus fort tonnage possible. Il n’y aura donc aucune exigence de tri en amont et on continuera à avoir un maximum de poubelles grises pour pouvoir les brûler. Sauf que l’arnaque que l’on est en train de signer sera beaucoup plus dure que celle du TMB Ametyst que l’on a connu en 2008. On parle de créer un TMB, une préparation des CSR, une chaudière CSR en ville et un réseau de chaleur spécifique qui ne fonctionne qu’avec des CSR. Et le jour où vous arrêtez d’y brûler du plastique, la seule chose par laquelle vous pouvez remplacer, c’est du charbon. C’est pour ça que l’on entend des comparaisons avec l’Allemagne. Sauf qu’en Allemagne, contrairement à nous, ils ont du charbon et que depuis longtemps ils ont exonéré de taxe carbone leur CSR pour justement éviter le charbon. Donc on va se prendre la taxe carbone, la TGAP et la taxe sur la valorisation énergétique de plein fouet.

Maintenant que vous n’avez plus votre délégation, de quelle manière comptez-vous peser dans le débat important qui débute avant le vote lors du prochain conseil de métropole ?

Je ne suis pas un homme politique de longue date, je suis un écologiste de combat et de terrain qui a travaillé. Je passe mon temps à travailler, je ne communique pas, moi. Et je peux vous dire que depuis le début du mandat, je n’arrête pas de travailler. J’ai mis de côté les deux tiers de mon activité professionnelle (ndlr : François Vasquez est kiné libéral) pour m’y consacrer entièrement. Je ne dis pas ça pour qu’on me plaigne mais j’ai bossé comme un chien pour cette stratégie Zéro déchet. Je ne suis pas comme les autres qui signent des parafeurs et dont je n’ai pas envie de parler. Je me suis battu pour essayer d’imposer ma stratégie et amener des solutions. Sur la question que vous me posez, vendredi, il y a une audience, je n’ai plus de délégation mais je suis toujours vice-président. Est-ce qu’ils vont m’empêcher de rentrer dans la salle du conseil ? Je crois que oui car ils ont peur. Si on m’enlève cette délégation dans la précipitation, c’est pour m’écarter du débat. On ne veut pas que les maires et les conseillers métropolitains qui seront présents m’entendent. C’est la meilleure manière de boucler l’arnaque.

C’est peut-être paradoxal, mais ne pensez-vous pas que votre éviction est un argument de poids contre cette filière CSR ?

Je n’ai pas fait de calcul politique. Dans la démarche que j’ai mené, il n’y avait ni d’attaque ad hominem, ni d’attaque partisane. Je suis convaincu que je ne vais pas faire l’unanimité car il restera les socialistes du Clapas prêts à suivre Michaël Delafosse où qu’il aille, mais je pense que la droite, le centre et tous les écologistes bien sûr vont se retrouver dans mon combat. Ceux qui sont à droite et au centre ne sont peut-être pas très sensibles aux enjeux environnementaux mais ils sont conscients des enjeux économiques et les écologistes ne peuvent pas laisser passer une politique qui jette au feu la stratégie Zéro déchet. C’est pour ça que de l’extrême gauche à la droite, je ne vois pas qui, en parlant des structures politiques, va suivre cette filière absurde, funeste et délétère. Par contre, si vous me parlez des élus, là cela devient plus compliqué. Il ne faut pas dire les choses un peu trop clairement comme je l’ai fait. Et J’avoue avoir dit les choses beaucoup trop clairement.

En même temps, Michaël Delafosse vous connaissait avant de vous prendre avec lui.

Exactement, il n’a pas d’excuse en fait. Il me connaît, il sait ce que je porte et il me trahit. Je pense que ni lui ni moi sommes surpris. Ce qui m’a surpris, c’est quand il a sorti la trahison absolue. Depuis le début, je vois bien que tout est de l’ordre de la trahison politique dans le déroulement des quatre années. C’est pour ça que je pense que l’on s’est foutu de ma gueule pendant quatre ans. Je ne suis pas aveugle et sourd, je voyais bien ce qu’il se passait mais de là à sortir la filière CSR et à la faire passer entre la poire et le dessert… C’est incroyable, ce qu’ils ont fait est énorme. Je n’ai par exemple pas été convoqué au bureau des maires alors qu’à chaque fois qu’il y a un sujet sur les mobilités, Julie Frêche est présente, sur le PLUI c’est Coralie Mantion et quand on parle des déchets, je n’y suis pas. Le sujet de la commission environnement a été retiré pour que je ne puisse pas parler. C’est une manipulation politique qui s’est passée. On m’a mis à l’écart pour passer le contraire de tout ce que je porte et tout ce que le conseil a voté. Il y a dans cette filière CSR une perversion à différents niveaux. La perversion, c’est dire je ne suis pas ce que vous croyez. La filière CSR masque en permanence ce qu’elle est et qui est le plus à même de masquer cela, si ce n’est les industriels. Et qui est le plus à même de gober cela, si ce n’est les élus qui n’y connaissent rien ? Dès qu’un élu s’y connaît comme moi, alors cela pose problème. Je viens casser une mécanique qui est bien huilée. Toutes les réalités sont masquées, du risque à la fiscalité, et tout le monde dit c’est très bien. Le seul argument que l’on m’a opposé, que j’ai entendu cinquante fois et qui est la même stupidité, est que l’on ne peut pas continuer à exporter nos déchets car ce n’est pas moral. Sauf que quand on met la filière CSR en place, on continue d’exporter 70% des refus.

Il n’y a pas aussi le risque d’importer des déchets en étant un aspirateur pour les autres collectivités ?

Il n’y a pas ce risque puisqu’on est tellement bête que l’on va continuer à garder 100 000 tonnes de déchets pour les cinq ans à venir. Ils prévoient que la chaudière sorte en 2029 mais je vous dis que si elle est là en 2031, ce sera un miracle. Je n’ai encore jamais vu sortir une filière CSR en moins de sept ans. Déjà, ils nous enfument sur les délais. Mais soit, ils disent qu’on l’aura dans cinq ans et on brûle 45 000 tonnes. J’ai fait la démonstration avec Sète et Lunel que, en 2029, nous aurons 20 000 tonnes de libres pour le four de Sète et 25 000 tonnes pour celui de Lunel. Je n’ai rien inventé, vous pouvez corroborer ces chiffres avec les deux vice-présidents et leurs services. Nous aurons ces 45 000 tonnes avec nos deux voisins, nous n’avons donc pas besoin de faire un four dans lequel nous allons investir et que nous allons devoir entretenir alors que nous avons deux fours qui nous proposent la même combustion et qui en plus prennent tout à brûler… On a déjà l’équation mais ils ne veulent pas l’entendre. Ce que je vous dis, c’est à la portée d’un enfant de huit ans. Et comme je m’exprime clairement, ils n’ont pas envie que je le dise. Personne ne veut entendre à la Métropole de Montpellier qu’en 2029, au moment où ils prétendent ouvrir le four de la filière à plastique, on aura l’équivalent au minimum chez nos deux voisins et donc on pourrait mutualiser à proximité dans un rayon de 25 km pour incinérer nos déchets. Et avec les biodéchets que Sète et Lunel auront collecté, nous on pourra les méthaniser dans Ametyst. Voilà comment on fonctionne avec intelligence, c’est imparable. Si vous faites réfléchir n’importe quel comité, à n’importe quel niveau, et si vous enlevez les pressions des lobbies avec les intérêts, jamais personne n’évite cette évidence. Maintenant, si vous enfumez tout, vous pouvez faire la plus grosse connerie de la Métropole de ces trente dernières années. Et c’est ce qui risque de se passer. C’est pour ça que je dis que cette éviction est faite sous la peur. Vasquez dit la vérité et la vérité fait peur. Il faut donc me faire taire.

Comment prenez-vous l’argument de la « rupture de confiance » ?

De dire que je romps la confiance, c’est ce qui est le plus pénible pour moi. Comme si c’était moi qui était le fautif de cette rupture de confiance. Enfin ! Ils m’ont trahi ! Qu’est ce que cela veut dire la rupture de confiance ? Qui devrait s’en plaindre et utiliser ces mots ? C’est juste par sa position hiérarchique, il est président et je suis vice-président, que Michaël Delafosse peut se permettre de dire cela, car il a trahi et n’a pas à émettre cette rupture de confiance. Mais je voulais qu’il prenne cette décision car moi, je ne démissionne pas. Je ne démissionne pas car je suis légitime deux fois par le vote démocratique et lui, par contre, doit se poser les vraies questions sur la démocratie locale, le respect du vote des Montpelliéraines et des Montpelliérains et sur le vote du conseil de métropole. Faire croire que la stratégie Zéro déchet va être appliquée avec la filière CSR est un mensonge que je dénonce avec la plus grande force. Je suis prêt à en débattre publiquement devant n’importe qui pour démontrer ce que je vous dis. Seulement, ils ne me laisseront pas cette possibilité. Ils ne me l’ont jamais donné avec Ametyst, ce sera le cas cette fois aussi. Je n’ai rien à gagner dans cette affaire, je fais ça pour le bien public. Comme je vous disais, j’ai laissé deux tiers de mes patients, maintenant je perds mes délégations alors je reçois beaucoup de messages me demandant si j’ai besoin d’en parler… mais je n’ai pas besoin d’en parler, j’assume, je ne me plains pas, je retourne à mon travail. Seulement, je veux dire une chose : cette filière CSR ne se fera pas. Les écologistes ont tendance à avoir du mal à se souder comme on l’a vu lors des dernières élections. Puisque je souffre du syndrome de Cassandre, je vois des choses (rires). Alors, on ne me croit pas mais cela ne veut pas dire qu’elles ne se réalisent pas. Je vous annonce une union écologiste, un front écologiste qui va commencer maintenant et durera. Il ne va pas se limiter à Montpellier : ce sera un mouvement des écologistes de Sète et Lunel également. Je pense que les écologistes vont comprendre que maintenant il faut arrêter de jouer les utilitaires, arrêter de se faire manipuler par un système qui depuis des décennies se sert d’eux comme des supplétifs et des alibis politiques et qui se sert de leurs voix pour se faire élire pour les mépriser durant tout le déroulement d’un mandat… Il faut que ce système se termine et que chacun assume. Je vous le dis, les écologistes vont s’unir à Montpellier parce qu’ils auront pour la première fois un énorme projet écocide porté par un maire socialiste qui n’arrête pas de nous répéter qu’il est un écologiste. C’est ça le fond du problème.

Appelez-vous les membres du groupe des écologistes à sortir de la majorité ?

Je n’ai jamais eu de carte dans aucun parti politique. Au moment où je vous parle, les écologistes qui sont dans la majorité n’ont aucun pouvoir et n’ont pas la capacité d’imposer. Si la filière CSR passe, il se passera forcément quelque chose. Pour l’instant, c’est moi que l’on a démis car on ne veut pas que je participe au débat en cherchant des prétextes alors qu’on m’a pris pour un con pendant quatre ans. Ça, c’est une chose mais mon cas personnel est anecdotique, ce qui compte, c’est la décision qui sera prise sur la filière CSR. Si elle est prise, il faudra que chacun se positionne. Quand vous mettez huit arbres sur la place de la Comédie, certains disent que c’est écologiste et d’autres disent que l’on se moque des écologistes. Il y a les deux versions. Par contre, quand vous votez pour une filière CSR, il n’y a plus de possibilité d’avoir deux versions. Vous êtes pour ou vous êtes contre. Tous les écologistes de Montpellier, Sète, Lunel et d’ailleurs sauront alors qui sont vraiment les écologistes. On ne peut pas se dire écologiste est être pour une filière CSR, c’est un élément structurant et structurel, c’est impossible. Et je répète, le centre et la droite diront non car économiquement, c’est la plongée pour les finances publiques. On croit toujours que j’exagère. On a cru que j’exagérais quand j’annonçais la catastrophe d’Amétyst, on a cru que j’exagérais en début de mandat quand j’ai dit qu’on allait prendre un choc des déchets, on a cru que j’exagérais quand j’ai dit que ce serait le syndrome du Titanic : aujourd’hui, je dis que quand on a un capitaine comme Michaël Delafosse, on n’a pas besoin d’iceberg. Ce qu’il se passe est grave, la décision ne doit pas passer. Que je sois évincé est une chose mais que la décision de la filière CSR passe serait inadmissible. À ce moment, il faudra bien évidemment que tous les écologistes fassent entendre leur voix car eux n’ont pas le droit de fermer les yeux là-dessus. Cette histoire ne fait que commencer.

Vous ne regrettez donc pas votre prise de parole ?

Je ne supporte pas l’hypocrisie et j’ai une certaine franchise, mais cette franchise, je ne m’en sers pas pour servir les notables de Montpellier, je me bats pour défendre ceux qui n’ont pas les moyens de s’exprimer et qui vont le payer car on va enlever des crédits, qui pourraient aller dans les écoles par exemple, pour les donner à des multinationales de déchets qui vont se gaver comme d’habitude… C’est insupportable ! J’en est rien à foutre de ma situation personnelle, par contre je pense à ces 500 000 personnes de la métropole qui ne méritent pas d’être dirigées comme cela. Vous verrez dans cinq ans si cela se fait, et même avant, les conséquences économiques et je n’en serai pas heureux. Si ça se produisait, je serai définitivement ancré dans le syndrome de Cassandre. Mais il y a encore des élections en 2026. Je voulais lancer la stratégie Zéro déchet car je faisais confiance à Michaël Delafosse et je lui avais dit que je ne ferais pas un deuxième mandat. Mais avec ce qu’il se passe là, il n’est pas impossible que l’on m’y voit. Tout cela m’a requinqué.

Lors des conseils de métropole, Alenka Doulain a régulièrement alerté un peu dans le même sens que ce que vous faites aujourd’hui. Avec le recul, comment jugez-vous ses interventions ?

Il y avait du bon et du mauvais. Quand je me suis intéressé aux municipales, son mouvement m’avait approché pour faire la stratégie Zéro déchet. J’ai compris qu’ils n’auraient pas de chance de gagner et moi ce qui m’intéresse, c’est de mettre en place cette stratégie. Les mouvements politiques ne m’intéressent pas, je veux quelque chose de concret pour la population. Culturellement, viscéralement et de combat, je suis un écologiste mais si vous me dites que je dois mettre tel ou tel dossard, à l’exception de l’extrême droite et de l’extrême gauche, pour appliquer ma stratégie, je le prends car je veux le résultat. J’ai vu, et j’ai compris depuis longtemps, que des maires de droite pouvaient être plus écologistes que des socialistes dans la politique des déchets. Pour revenir à Alenka Doulain, il faut se souvenir que lors d’un conseil, elle avait avancé que si on exportait nos déchets, on pouvait aussi les brûler. En fait, elle même a évoqué la filière CSR par manque de connaissance technique. J’avais d’ailleurs ironisé sur le fait que je devais faire cette partie de son programme et qu’elle ne m’avait pas remplacé. On s’est appelés et depuis qu’elle connaît les tenants et les aboutissants de la filière CSR, je n’ai aucun doute qu’elle soutienne tout ce que je vous ai dit ou alors les bras m’en tombent. Mais il y aurait pire avec des maires vice-présidents qui disent me soutenir mais peut-être que le patron a promis une piscine ou autre chose dans leur commune… Dans ce cas, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Si je suis confronté à des cerveaux libres, qui vont prendre les éléments de manière factuelle avec des démonstrations, personne ne choisit la filière CSR. Dans un débat, je gagne cent fois sur cent. Je rentre dans les Ordres si on gagne fasse à moi ! Ce n’est pas une question de sensibilité politique ou de dogme, c’est une absolue logique. Quand vous connaissez le sujet, vous ne pouvez pas valider une filière CSR. Ce combat, je ne peux pas la perdre sur le fond, on ne peut que me bâillonner. Alors on me bâillonne et on m’évince mais si certains pensent que je suis affecté, cela ne me fait ni chaud ni froid. Je suis déterminé, mon combat n’est pas fini. Il y a eu une trahison politique et une trahison, cela se paye toujours. Mon combat est pour les Montpelliéraines et les Montpelliérains. Je suis arrivé à 16 ans à Montpellier, cette ville je l’aime sincèrement. Je maitrise un sujet, je sens que je peux aider ma ville et je veux le faire. Alors certains me disent que je serais mis au pilori, ils peuvent dire ce qu’ils veulent car on n’a pas fini de me voir. Que ceux qui croient que François Vasquez est mort parce qu’on lui a enlevé sa délégation peuvent arrêter de rêver. J’ai perdu mes délégations à la Ville et à la Métropole mais je reste conseiller communautaire d’opposition. Montpellier est belle et j’en suis fier mais Montpellier mérite mieux que Michaël Delafosse qui est la queue de la comète Frêche. Il n’y en aura plus après car à lui tout seul, il aura tué le système Frêche. Et comme je dis souvent, je déteste tout du système Frêche sauf Georges Frêche lui-même car ceux qui sont à l’origine de quelque chose ont au moins le mérite d’ouvrir un chemin même si des conneries sont faites. Mais les autres qui ont suivi, quel niveau !