La Marseillaise du 23 février 2024
En désaccord avec la politique de gestion des déchets, certains Verts de la Métropole de Montpellier pourraient claquer la porte de la majorité de Delafosse.
C’est le sujet qui pourrait conduire à un schisme dans la majorité de la Métropole de Montpellier. Un désaccord entre socialistes et écologistes au niveau de la politique de gestion des déchets pourrait amener certaines figures écologiques locales à quitter le navire de l’édile PS Michaël Delafosse.
L’idée d’une création d’une filière Combustibles solides de récupération (CSR) a mis le feu aux poudres. Bien que la mesure doit être entérinée lors du prochain conseil de métropole, le 2 avril, les Verts montpelliérains ont pris les devants pour alerter la population des conséquences d’une telle décision. «Nous avons été élus sur un objectif de mettre en place une politique zéro déchet qui implique un changement radical de logiciel. Nous ne sommes plus à la destruction des déchets mais bien à l’élimination à la source. Or, il s’avère que le futur qui se dessine nous inquiète puisqu’une nouvelle DSP [Délégation de service public, Ndlr] va être faite pour [l’unité de méthanisation] Ametyst avec une filière CSR aux conséquences sanitaires, environnementales, financières inquiétantes», souligne Coralie Mantion, vice-présidente EELV.
Organiser un débat
Une filière CSR implique de récupérer 40% des déchets (à haut pouvoir calorifique) pour les broyer, les mélanger à du biogène, les brûler puis les injecter dans un réseau de chaleur. «On dit que l’on va faire une chaudière afin de produire de la chaleur, car nous avons une crise énergétique. Mais il ne faut pas se tromper d’enjeu: c’est la gestion des déchets, pas la production d’énergie. Nous n’avons pas besoin de chaleur. On a des réseaux bois, des projets de photovoltaïques moins chers. Pourquoi mettre une incinération de plastiques?», vitupère François Vasquez, vice-président délégué à la politique zéro déchet. Et de poursuivre : «100000 tonnes de refus donnent 40 000 tonnes de CSR. Seuls 10% de nos refus sont à haute valeur calorifique. Ce qui veut dire qu’il y a déjà 60 000 tonnes qui partent à la décharge et à l’incinération d’emblée. Nous allons continuer d’exporter nos déchets. Et quand vous brûlez ces 40000tonnes, il en reste 10000 de résidus. Donc 70% des déchets ne sont pas éliminés par la filière CSR.» Autant dire que la facture risque d’être salée selon les Verts, qui tablent d’ailleurs sur une augmentation de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
En outre, les conséquences sanitaires et environnementales seraient tout aussi dramatiques selon EELV. Les CSR comportant des microplastiques, le risque est grand pour que ces derniers se retrouvent dans la nature et les cours d’eau. Mais également un risque de pollution atmosphérique, avec les rejets de fumée. «Cette usine va provoquer des dangers. Les atteintes sont très importantes: cancer, problème pulmonaire… On ne pourra pas dire « on ne savait pas », insiste Catherine Ribot, déléguée à l’écoresponsabilité des procédures publiques.
Les élus veulent donc tout faire pour empêcher cette décision. «Nous souhaitons un débat public car la question n’a pas été posée lors des élections municipales. Nous avons besoin d’une votation à l’échelle de la Métropole», espère Coralie Mantion.
Néanmoins, en cas de désaveu lors du prochain conseil, quelle sera la place de François Vasquez au sein de la métropole ? «La question va se régler avant. Jusqu’à présent, on peut considérer que le vice-président a été désavoué dans les faits. Si le choix retenu est en cohérence avec cet abandon de stratégie, il faut que le président prenne ses responsabilités et demande à l’assemblée de démettre le vice-président. Le 19mars, lors d’un bureau de la métropole, on va décider de ce choix. Je ne vais pas suivre une métropole qui va dans le gouffre.»