La Marseillaise du 20 février 2024
Le 13 février, le débat d’orientation budgétaire a révélé le coût de l’échec historique de la politique de tri. Les élus vont devoir trancher.
Pour parler crûment, «on est en circuit open bar : on envoie nos merdes ailleurs et ailleurs ils n’en veulent plus». Michaël Delafosse n’a pas mâché ses mots, mercredi 13 février lors du débat d’orientation budgétaire, pour dire son ras-le-bol et son inquiétude sur la problématique historique des déchets à Montpellier.
Le président socialiste s’indigne du fait que Montpellier est «la seule métropole de France à ne pas avoir de solution pour traiter ses déchets sur place». Conséquence des «errances» du passé et peut-être aussi des erreurs du début de ce mandat, Montpellier exporte via 4 500 camions ses emballages aux quatre coins de la région et bien plus loin. Le tout pour un coût si exorbitant (26,4 millions d’euros) qu’il devient, si ce n’est une menace, un poids sur le budget 2024 «lesté». Entre la hausse des prix de l’énergie et la croissance démographique, la facture déchets (124,7 ME) a quasi doublé en 6 ans. «On est dans une spirale inflationniste», reconnaît Renaud Calvat (PS), 1er vice-président.
À qui la faute ? À Georges Frêche ? Lequel défendait l’infâme Thot de Maurin puis s’était laissé convaincre par les Verts de construire l’usine de méthanisation Ametyst «dont on savait qu’elle ne marcherait pas», tacle l’élu PCF, Hervé Martin. À Jean-Pierre Moure qui a choisi de «faire l’autruche» ? À Philippe Saurel qui a décidé fin 2019 de fermer le 3e casier de l’impopulaire décharge de Castries sans anticiper la moindre alternative ? Ou bien à Michaël Delafosse dont le virage «zéro déchets» promis en 2020 aurait été «sabordé d’emblée» selon l’opposante Alenka Doulain (Mupes) ?
Une usine d’incinération ?
La responsabilité dans ce «fiasco» est sans doute collective. «Les déchets ont toujours été mis sous le tapis par nos prédécesseurs», regrette René Revol, maire LFI de Grabels. Vice-président délégué aux déchets, François Vasquez (EELV) fait aujourd’hui amende honorable (nous y reviendrons en détail), en laissant entendre qu’il n’a pas eu les coudées franches. Quoi qu’il en soit, avant même de voter le budget en avril, les élus de la Métropole vont devoir faire un choix d’avenir. «L’export des déchets est devenu insupportable et inadmissible», résume William Ars, maire de Cournonterral. En coulisses, l’équipe de M. Delafosse envisage «une usine d’incinération de déchets plastiques dans une chaudière qui va coûter une fortune», dévoile François Vasquez, vent debout.
Sauf que les options pour pallier l’urgence ne se bousculent pas. «La stratégie zéro déchets ne payera pas avant 5 ou 10 ans, d’autant que nos concitoyens sont peu responsables en la matière», alerte Serge Guiseppin, élu d’opposition de la liste Mohed Altrad.
En attendant, une chose est sûre : contrairement aux taux (stables) de la taxe foncière*, ceux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Teom) et de la taxe Gemapi (prévention des inondations) vont bondir en 2024. «Ça, c’est une hausse d’impôts!», insiste l’élu Saurélien, Abdi El Kandoussi.
* Dont les bases seront revalorisées par l’État de +3,9%.