Midi Libre du 14 février 2024
Des premières, le budget 2024 de la Métropole, mis au débat ce mardi 13 février, va en connaître plusieurs. D’abord vis-à-vis de son périmètre financier de cinq cents millions d’euros, « un niveau inédit » (le président Michaël Delafosse). Ensuite parce que plombé par plusieurs facteurs. À commencer par des taux d’intérêt « beaucoup plus élevés qu’il y a cinq ans, une inflation encore élevée, plus une hausse exponentielle du coût des déchets liée à la taxe d’importation de nos déchets »(Renaud Calvat, rapporteur du Dob) établit à 26 M€ de surcoût. Soit le prix pour envoyer ces reliquats ailleurs (Pyrénées-Orientales, Aude, Tarn-et-Garonne, Tarn, Gard, incinérateur Ocréal à Lunel-Viel, à Sète) avec des milliers de camions.
Bonne nouvelle tout de même : la vitalité économique de l’aire métropolitaine a vu la fiscalité augmenter. Celle-ci passant de 90 M€, « il y a cinq ou six ans »,à 124 M€. Difficile malgré tout de passer « ce cap complexe ». Résultat : « Si l’on ne peut pas tout faire, on reportera à 2025 ».
Autre dossier hors budget « mais indispensable, urgent »: la modernisation (pour 165 M€) de la station d’épuration Marea. Il y a enfin la poursuite de la construction de la ligne 5 du tramway, une nouvelle phase de modernisation des rails sur le réseau actuel (dans le secteur de Saint-Denis), le chantier des premières lignes de bus tram (vers Lavérune à l’ouest, vers Castries à l’est) et la réalisation, du futur lycée de Cournonterral. Cela ajouté à un budget “voirie” lui aussi en hausse puisque celles-ci s’étendent, mécaniquement, avec l’apparition de nouveaux quartiers et zones d’activités. Voilà pour le contexte et les ambitions.
« C’est très curieux ce rapport qui n’apporte aucune information, rien de concret. C’est très décevant pour débattre. Depuis des années, le débat d’orientation budgétaire est vidé de son sens » (Abdi El Kandoussi, Montpellier).
« Quel message envoyons-nous ? Plus on trie, plus on paye ! Ce n’est pas incitatif mais punitif ! » (Jean-Noël Fourcade, Lattes).
Déchets toujours avec François Vasquez (majorité) au sujet du projet d’usine d’incinération : « Cette chaudière coûtera une fortune ! C’est un projet à cent millions pas éligible à l’aide de l’État qui risque d’abandonner cette filière dans les années à venir. »
« Il faut remettre le débat sur la table ! La question a été mise, par nos prédécesseurs sous le tapis. On doit regarder les choses en face et définir une stratégie pour y faire face » (René Revol, le maire de Grabels). L’édile poursuivant sur une note plus optimiste au sujet de la sécurisation de l’eau potable.
« Le retard a été rattrapé. Les premiers essais sur le site de Valédeau seront menés à la fin de 2024. Jusqu’alors, Montpellier était la seule ville de plus de cent mille habitants qui ne l’avait pas fait. »« On ne peut pas continuer à envoyer notre merde ailleurs! »
«La taxe Saurel, on l’a (tout ce que l’ancien président de la Métropole n’a pas fait selon Manu Reynaud, élu de la majorité, NDLR)! Il faut un big bang des déchets. On a fait des erreurs pendant vingt ans. On peut se laisser le temps pour ne pas en refaire ! »
« Savoir que nous exportons nos déchets est insupportable ! N’insultons pas l’avenir et regardons toutes les solutions » (William Ars, maire de Cournonterral).
« Pour vous, gouverner c’est renoncer ! La gestion des déchets ? Un véritable fiasco qui, aujourd’hui, atteint son apogée. Vous avez fait le choix de saborder le zéro déchet au profit d’un projet industriel. Croyez-moi, les Métropolitains vont casquer pour ces erreurs de gestion ! » (Alenka Doulain, opposition).
« Il nous faut de la cohérence Madame Doulain ! Nous investissons le double d’il y a cinq ans. Et je ne suis peut-être pas responsable de ce qui s‘est fait il y a vingt ans mais j’en suis comptable ! » (Renaud Calvat).
« C’est un budget lesté par la question des déchets et une facture énergétique multipliée par quatre par rapport à 2022. Ici, le coût de gestion des déchets est multiplié par deux par rapport à la moyenne nationale. Et l’on ne peut pas continuer à envoyer notre merde ailleurs ! Nous sommes la seule métropole à ne pas avoir de solution et à exporter On est au pied du mur ! Si l’on met ça sous le tapis, cela va se voir comme la montagne du Thôt ! (*) »(Michaël Delafosse).
(*) Ancienne décharge située à Lattes (265 000 tonnes l’an), fermée en 2008.