La Métropole de Montpellier lance sa stratégie Zéro Déchet

Actu.fr du 23 mars 2022

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La stratégie Zéro Déchet de la Métropole de Montpellier prévoit une centaine de mesures avec des objectifs ambitieux, dont le principal : « changer de paradigme ».

Les poubelles débordent régulièrement...
Les poubelles débordent régulièrement… (©CN / Métropolitain)

Parmi la centaine d’affaires au programme du conseil de Métropole de Montpellier ce mardi 22 mars, la question de la gestion des déchets était à l’ordre du jour avec la présentation par François Vasquez de la stratégie zéro déchet mise en place par la collectivité. « Une absolue nécessité », comme l’a expliqué le vice-président délégué à la Collecte, tri, valorisation des déchets et Politique zéro déchet, avec des objectifs ambitieux et une centaine de mesures pour « changer de paradigme ».

Pas de plan b et des épées de Damoclès

La politique de gestion des déchets est l’un des sujets majeurs du mandat. Ce fut également le cas lors de la campagne des municipales durant laquelle François Vasquez fut courtisé pour son expertise en la matière. C’est donc avec le groupe écologiste au sein de la majorité conduite par Michaël Delafosse que ce dernier a pu concevoir la feuille de route de la stratégie zéro déchet.

Une stratégie qu’il définit comme « une politique de rupture par rapport à ce qui a été mis en place depuis dix ans » avec une alerte : « Cette politique n’a pas de plan b ». Comprendre que pèsent au dessus de la Métropole « plusieurs épées de Damoclès »  avec en premier lieu la flambée des tonnages et des coûts. Le vice-président pointant « l’arrivée dans le mandat de 25 000 habitants supplémentaires soit 12 à 15 000 tonnes de déchets en plus », l’augmentation du prix des exutoires (décharges et incinération) et des contrats de collecte par les prestataires ou encore la hausse de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes. « L’État étrangle les collectivités en fin de chaîne » attaque-t-il.

« La liste des surcoût et des risques économiques est assez claire. Nous allons faire face à un véritable tsunami » souligne François Vasquez en ne manquant pas de rappeler également l’impact environnemental négatif de la gestion actuelle des déchets.

Un coût économique

Après avoir rhabillé la précédente majorité quant à ses choix sur la question, François Vasquez cible l’usine Ametyst dont il a été un opposant du début : « Le mal est incurable car il est dans le remède même » en rappelant que « 40 000 tonnes de compost OMR sort actuellement et devra aller en décharge ». Ce dernier rejette également toutes les options comme un nouvel incinérateur ou développer la filière des Combustibles Solides de Récupération (CSR). « Elles présentent le même type d’impasse que présentait Ametyst en 2008 » argumente-t-il en annonçant : « Il va falloir transformer Ametyst, modifier Demeter, créer 2 à 3 plateformes de compostage, 3 à 4 ressourceries… ».

En 2021, les dépenses prévisionnelles consacrées au Service Public de Gestion des Déchets de la Métropole de Montpellier ont été limitées à 96M€ quand les recettes globales, suite notamment à la hausse de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères, atteindront  95,5M€ (contre 88,6M€ en 2020). C’est pourquoi François Vasquez appelle d’autant plus à « prendre conscience du coût économique d’un geste civique ». Et de citer un exemple avec les 12 000 tonnes de verres retrouvées dans les poubelles grises : « Si 5 000 tonnes étaient mis dans les points de collecte adaptés cela permettrait une économie de 2M€ ». À l’heure actuelle, seulement 55% du verre est correctement recyclé sur la métropole.

Une centaine de mesures viendront appuyer quatre objectifs : l’optimisation de la collecte et de la captation des flux valorisables, l’amélioration des performances de valorisation et de filière de traitement, une politique de prévention de sensibilisation et d’incitation adaptée au changement de comportement optimisation de la valorisation et une dynamique d’économie circulaire à stimuler et structurer. Par ailleurs, des contacts ont été pris avec les collectivités voisines comme Sète et Lunel afin de « mutualiser les process ».

Un plan sans planification pour la seule élue d’opposition

Seule à s’opposer à la délibération, en regrettant notamment « l’absence de règles strictes pour les promoteurs immobiliers, plus gros producteurs de déchets du bâtiment », Alenka Doulain (Nous Sommes) y voit « un plan sans planification avec de bonnes intentions mais aucun détail budgétaire, calendaire ou d’objectifs chiffrés, de point intermédiaire ou de cartographie. On partage l’objectif mais pas la méthode ».

Face à son argumentaire, François Vasquez renvoie l’élue d’opposition au passé : « Quand j’entends que la solution ce serait la récupération de chaleur en local, je m’aperçois que celui qui devait faire votre programme c’était moi et visiblement vous ne m’avez pas remplacé » et rétorque : « La filière CSR sera un échec économique et environnementale dans lequel je ne veux pas engager la Métropole de Montpellier ».

Pour les Communistes, Clara Gimenez a rappelé l’attention qu’elle portera à la manière dont sera mise en place la fiscalité incitative sur les ordures ménagères. « Aujourd’hui, celui qui tri et fait l’effort, paye la même chose que celui qui ne le fait pas », a expliqué Michaël Delafosse, « La question de la responsabilisation face aux déchets ne peut pas être exclusivement celle des élus de la Métropole, elle doit être collective. Nous aurons une délibération à prendre pour progressivement aller vers une fiscalité incitative. C’est un choix fort ».

Le président de la Métropole a par ailleurs affirmé sa volonté de lutter contre la délinquance environnementale. « Nous avons des déchetteries et il y a des gens qui s’affranchissent des règles en déversant leur déchets, polluant nos cours d’eau et dégradant l’environnement » s’est-il offusqué. Une délibération sera prise dans plusieurs communes de la collectivité dont Montpellier pour augmenter le montant des amendes de ce délit.

Une partition

Pédagogie et communications seront lancés prochainement pour toucher le grand public du foyer aux entreprises afin de changer les comportements et les pratiques de consommation. Ainsi, la centaine de mesures sera connue et déclinée progressivement et à différentes échelles.

« C’est une partition que chacun doit s’approprier, que nous devons jouer ensemble sinon cela n’aura pas de résultat. Cette politique n’est pas une succession d’expérimentations, tout ce qui est proposé a été éprouvé ailleurs. L’expérimentation c’est le passé » précise François Vasquez avant de souligner avec force : « On veut donner du sens au geste de prévention et de tri du début à la fin. Le virement de cap, s’il est engagé par chacun, sera spectaculaire. Le plan c’est maintenant qu’il démarre ».