Consultation publique pour l’opération RD68 – LIEN – Section entre l’A750 à Bel Air et la RD 986 au Nord de St Gely du Fesc, conduite et financée par le Département de l’Hérault
Contribution du groupe des élu.es écologistes de la ville de Montpellier
Les douze élus du groupe Choisir l’Ecologie pour Montpellier, membres de la majorité municipale de Montpellier, tiennent à souligner la nécessaire prise en compte des éléments apportés par l’avis de la MRAe, une prise en compte qui ne peut se traduire que par l’abandon du projet.
L’avis émis en 2021 par la MRAe remet profondément en cause l’étude sur laquelle s’est basée la DUP en 2014.
Il indique notamment que « les prévisions de trafic exposées ne sont pas suffisamment complètes et étayées ». Ainsi la MRAe « recommande de démontrer si la réalisation du nouveau tronçon ouest permettra d’apporter une solution aux différents points de congestion identifiés ». La réponse du Département n’apporte pas de réponse argumentée à ces remarques. Et pour cause : une étude sérieuse aurait démontré que, loin de résoudre la question de la congestion du trafic routier, le LIEN entraînera nécessairement une augmentation du trafic et à très court terme de nouveaux embouteillages. Il est établi par la recherche que tous les projets routiers entraînent une augmentation du trafic. Le « dédoublement » de l’A9 l’a encore prouvé dans la région montpelliéraine.
Il faut notamment prendre en compte le trafic induit que le LIEN pourra produire comme le souligne l’avis de la MRAe : « il n’est pas démontré que le projet de LIEN, et notamment la section ouest réduise la dépendance automobile et agisse sur les comportements, compte tenu du trafic induit qu’il pourra générer ». Or le Département n’anticipe pas les conséquences du LIEN en matière d’étalement urbain et du trafic induit qu’il implique. La MRAe ne manque pas de s’en inquiéter : elle « considère que le dossier présente une grande incertitude sur les conséquences du projet sur l’extension de la périurbanisation » et formule sa crainte que « ce projet devienne un facteur de développement urbain mal maîtrisé ».
Nous savons qu’une telle infrastructure entraîne mécaniquement une hausse de l’urbanisation dans les zones qu’elle dessert. Les communes riveraines y verront une opportunité de se développer, l’appât du gain faisant apparaître les conséquences environnementales comme secondaires, tandis que de nouveaux habitants viendront s’installer en supposant, à tort, que le cœur d’agglomération sera facilement accessible en voiture. De nouvelles zones d’activités entraîneront nécessairement un surcroît de trafic de poids lourds qui s’ajouteront à ceux qui se serviront du LIEN pour passer d’une autoroute à l’autre, de l’A9 à l’A750. Ce constat d’étalement urbain a déjà été fait sur les tronçons précédents du LIEN, avec deux ZAC au niveau du rond-point de St Gély du Fesc par exemple ou encore le long de l’A750 au niveau de Clermont l’Hérault ou Gignac.
Sur le tronçon concerné par l’enquête publique, ce sont déjà 85 hectares de ZAC qui sont programmés aux abords du LIEN.
Le LIEN conduira donc à de nouvelles congestions qui s’ajouteront à celles existantes. L’effet du LIEN ne sera pas un simple report du trafic comme l’affirme le Département.
L’avis de la MRAe permet non seulement de confirmer l’inutilité du projet mais, plus encore, il souligne les conséquences environnementales irréversibles du LIEN à la fois sur son tracé et sur les zones desservies. Pour mémoire le chantier du LIEN c’est :
– 80 ha au total de terres naturelles et agricoles consommées si on inclut les échangeurs et les bassins de rétention.
– 136 espèces protégées impactées
– 30 000 arbres abattus
Et ces chiffres ne comprennent pas les terres consommées par l’urbanisation dont l’emprise future est encore largement inconnue.
De plus, les conséquences en matière d’émissions de gaz à effet de serre, liées au chantier et à ses conséquences en matière d’urbanisation et de flux routiers, sont largement ignorées dans l’étude d’impact que la MRAe remet logiquement en question.
L’avis de la MRAe confirme donc que le LIEN est un projet du passé, inutile et contraire à la nécessaire transition écologique pour laquelle la puissance publique, Etat et collectivités locales, s’est engagée à agir.