Projet Oxylane à Saint Clément de Rivière

Conseil municipal du 8 février 2021

Intervention de Coralie Mantion

Avis sur le Plan Local d’Urbanisme de Saint Clément de Rivière

Par courrier du 18 décembre 2020 , la commune de Saint Clément de Rivière sollicite l’avis de la Ville de Montpellier sur l’élaboration de son Plan Local d’Urbanisme. Ce PLU prévoit en particulier la création de l’équipement commercial Oxylane, dont les conséquences environnementales et en matière de risques hydrauliques et de déplacements, conduisent à proposer un avis défavorable sur ce projet.

Coralie Mantion, Conseillère municipale de Montpellier et Vice-présidente de la Métropole, en charge de l’urbanisme

La prolifération des zones commerciales périphériques affaiblit, année après année, le commerce indépendant, le commerce de centre-ville et de proximité. Après l’implantation des supermarchés aux entrées des communes, des grandes-surfaces comme l’Espace Trifontaine aux portes de Montpellier, la communauté de commune du Grand Pic-St Loup veut construire Oxylane, un lotissement multi-activités de 23 hectares sur la route de Ganges. Des boites à chaussure sur du bitume. Ce projet est une aberration écologique et économique.


Pourquoi une aberration économique ?
Pour 1 emploi créé dans une zone commerciale de périphérie, ce sont 3 emplois détruits en centre-ville. Le projet a beau être en dehors de la métropole, il impactera les commerces de Montpellier. La croissance démographique est forte à Montpellier. Mais elle est très loin d’être aussi rapide que la croissance des zones commerciales périphériques. Depuis l’ouverture d’Odysseum, le chiffre d’affaire du centre-ville a baissé de 20%. Qu’adviendra-t-il avec ce projet ? Ce projet est une menace pour l’activité économique, les entreprises, les emplois.


Pourquoi une aberration écologique ?
Oxylane ce sont 23 hectares de terres agricoles et naturelles artificialisées : des parkings, des constructions, des bassins de rétention, des routes. Alors qu’il faudrait, au contraire, préserver nos terres agricoles, la ceinture verte et limiter l’imperméabilisation. A fortiori dans cette zone identifiée comme corridor écologique dans le SRCE (Schéma Régional de Cohérence Écologique).
La plaine des Fontanelles, ce sont 20ha de terres agricoles cultivées, 3ha d’espace boisé classé et un cours d’eau avec sa ripisylve. Ce sont 63 espèces sur le site, dont des chauve-souris, batraciens et autres amphibiens, reptiles et oiseaux de « forte » à « très forte » valeur patrimoniale. C’est un paysage bucolique.
Il est criminel de sacrifier au nom du business, ce site, cette ceinture verte nourricière et forestière. La préservation de ces terres est un patrimoine acquis pour les générations futures.
En plus, de perturber gravement la bio-diversité, ce projet aura un impact sur les enjeux hydrauliques et les ressources en eau. Ce projet est situé sur le bassin versant de la Lironde, un site sensible (pas besoin de vous rappeler les épisodes cévenols de 2014). L’imperméabilisation des sols affectera l’écoulement naturel des eaux et engendrera des conséquences en aval : inondations, dégâts matériels. Pour faire le parallèle avec le début de séance, c’est l’urbanisation à Euromédecine qui perturbe le ruissellement et cause les inondations au CHU.


Dernier point, l’accessibilité.
Oxylane, ce sont jusqu’à 8000 véhicules par jour prévus le samedi. C’est un nouvel aspirateur à voitures qui augmentera le trafic routier, les émissions de CO2 et la pollution de l’air. Alors qu’il faudrait, au contraire, limiter la
dépendance à la voiture, rapprocher habitat et commerce pour favoriser des modes de déplacements non polluants: marche, vélo, transports publics.
Aucun nouveau projet ne doit être programmé sans une desserte efficace en transports collectifs, et un réseau pour les mobilités actives. Nous devons favoriser la mixité fonctionnelle, la ville du ¼ d’heure.

Ce projet va porter une atteinte irréversible à notre territoire. Il doit être stoppé car il ne s’inscrit pas dans une logique de développement économique durable, de territoire résilient, de souveraineté alimentaire, de lutte contre le dérèglement climatique.